Un bon millier de manifestants homophobes sont venus perturber la première Marche LGBT organisée en Lituanie, samedi à Vilnius. La police a dû intervenir mais les participants à cette Gay Pride des Etats Baltes ont tenu bon
La Baltic Pride a bien eu lieu. En quelques chiffres: 350 participants (pour des raisons de sécurité, il fallait s’être inscrit au préalable pour en faire partie) rassemblés dans un espace vert de Vilnius. Pour assurer la sécurité de la manifestation, une première en Lituanie, 800 policiers. Et en face d’eux, tenus à bonne distance, entre 1 000 et 2 000 manifestants homophobes venus en découdre.
Jets de bouteilles et de pierres
Ils n’ont d’ailleurs pas tardé à jeter des bouteilles, des pierres, des pétards. En réponse, La police a lancé des gaz lacrymogènes. Dix-neuf personnes parmi les opposants anti-gay ont été interpellées, selon la police.
En quête de reconnaissance, les LBGT lituaniens ont pu bénéficier du soutien de plusieurs officiels européens, dont notamment la ministre suédoise Birgitta Ohlsson et de députés européens come Michael Cashman et Ulrike Lunacek. Mais aucun homme politique lituanien ne s’est joint à la Pride.
Une lesbienne étudiante en médecine, une employée hétéro de l’Université
«Nous avons franchi un pas décisif vers plus de tolérance», a cependant déclaré Vytautas Valentinavicius, l’un des organisateurs de la Marche. La tenue du défilé était incertaine jusqu’à vendredi, quand finalement le tribunal suprême administratif de Lituanie a autorisé cette Gay Pride, cassant une interdiction décidée en première instance deux jours plus tôt.
Qui étaient ces 350 courageux venus manifester? Ieva, étudiante en médecine, s’affiche en couple avec Monika. «J’ai le sentiment d’avoir participé à un événement historique», exulte-t-elle. «Mes amis savent que je suis lesbienne, mes parents non. La pression du modèle traditionnel est très forte. Mais ils verront les photos et (constateront) que nous sommes des gens normaux. J’espère que ce sera plus facile pour leur apprendre» la vérité, espère Ieva.
«J’ai plusieurs amis homosexuels qui occupent des postes importants. Je suis là pour eux. Ils n’ont pas osé venir de peur d’être reconnus. Ils ont peur d’être victimes d’opinions négatives sur leur lieu de travail», explique aussi Ramune Zvirblyte, employée au bureau des relations internationales d’une université lituanienne, elle-même venue avec lunettes noires et chapeau. A la fin de la parade, les manifestants ont été escortés en bus en dehors du centre de la capitale pour éviter des affrontements.
Prochaine édition en Estonie
En France, le centre LGBT Paris île-de-France a salué le succès de la manifestation, rappelant l’inquiétude des organisateurs alors qu’un groupe anti-Baltic Pride réunissait 25 000 personnes sur Facebook. Le centre souligne le courage des LGBT lituaniens «particulièrement motivés et bien organisés». La Baltic Pride, dont la première édition a été organisée l’an dernier à Riga, en Lettonie, doit se dérouler chaque année dans l’un des trois pays baltes. L’an prochain, c’est donc Tallin, en Estonie, qui accueillera l’événement.