Aujourd’hui les opposants sont entrés dans une homophobie subtile – ils répètent à tout va qu’ils ne sont pas homophobes: ce ne sont pas leurs propos qui sont directement homophobes, mais leurs actions dans la rue.
Ce qui est incroyable, c’est qu’ils se battent pour que des personnes n’aient pas les mêmes droits qu’eux alors que cette loi ne va rien changer les concernant. Ils disent en substance qu’un homosexuel n’est pas l’égal d’un hétérosexuel: il ne peut pas se marier, et ne sera jamais un bon père ou une bonne mère. Si ce n’est pas de l’homophobie, je ne sais pas ce que c’est! Mais celle-ci est bien évidemment indirecte.
La violence devient physique
La conséquence, c’est que même si les dirigeants ne prononcent pas, à quelques exceptions, de discours violents, comme cela avait été le cas pendant les débats autour du Pacs, leur base la plus radicalisée ne se gêne pas pour le faire.
Les «anti» auront beau essayer de se dédouaner: la violence verbale entraîne la violence physique. Cela me paraît malheureusement symptomatique d’une radicalisation des opposants au mariage pour tous. Ces derniers jours, ils ont passé la ligne rouge, en tenant des propos qui n’ont pas leur place dans notre démocratie.
J’ai une pensée pour les homosexuels, pour leurs enfants et leurs familles qui sont voués aux gémonies, qui sont agressés, remis en cause dans leur propre personne, dans leur rôle de père et de mère. C’est révoltant.
En ne condamnant pas certains événements et propos des opposants, les politiques – et je vise, ici, plus particulièrement l’UMP – permettent à un climat homophobe de s’installer. Cela n’est pas acceptable dans une démocratie comme la nôtre.
Car on le voit, la situation est nettement plus tendue que lors des débats sur le Pacs. À l’époque, on avait eu une manifestation d’une centaine de milliers de personnes. Là, on a des mouvements massifs avec la participation de groupes fondamentalistes tels que Civitas.
Mais surtout, la nouveauté, c’est la violence physique des opposants qui ont, par exemple, empêché le rapporteur de la loi, Erwan Binet, de tenir des débats. Ils sont dans le déni de démocratie: ils disent qu’on ne les écoute pas, mais dans le même temps, leur seul point de négociation, c’est le retrait pur et simple du texte.
On ne peut plus écouter les «anti»
Comment peut-il y avoir une écoute? C’était un engagement fort de la majorité, l’un des thèmes de campagne de François Hollande, qui a été élu par une majorité des Français. Le débat s’est tenu dans la société civile et dans les deux chambres – maintenant il faut trancher. Les opposants veulent mettre en cause cela? Nous résisterons.
Je pense que de toute façon la tension se maintiendra encore durant quelques semaines, le temps que le texte soit voté. Mais je crois également que que tout cela va rapidement retomber. Car, au fond, qu’est-ce que les opposants vont bien pouvoir y faire? Vont-il agresser des couples qui se marient, voire leurs enfants et ainsi gâcher ces moments de fête? Vont-ils intercepter ensuite les convois de voitures des nouveaux ou nouvelles marié-e-s?
S’ils maintiennent la pression, c’est parce qu’ils se rendent bien compte que lorsque la loi va passer, le monde ne va pas s’écrouler. À partir du moment où ils verront les mariages, que tout se passera bien, que les fondements de la société française ne seront manifestement pas ébranlés, franchement, qu’est-ce qui justifiera de battre encore le pavé?
La peur d’un changement irrémédiable de la «norme»
Je suis convaincu que d’ici six mois à un an, célébrer un mariage homosexuel sera tout à fait banal. Je suis dans une circonscription rurale: un jour, un homme, très intégré, en couple depuis 15 ans avec un autre homme, m’a dit toute son impatience de pouvoir se marier, et de convier à cette grande fête ses amis et amies.
Cet homme va pouvoir bientôt le faire, et tout le monde va se rendre compte que cela ne va rien changer, et qu’il n’y aura aucune différence, tant sur la forme que sur le fond.
Je suis convaincu que c’est pour cela que les opposants continuent de se battre, parce qu’ils savent que cela va «infuser» dans la société. Une fois que la loi sera passée, on ne fera pas machine arrière.
Cela fera tout simplement partie de la «normalité»…
- SOURCE NEWSRING