Le président américain rouvre le débat de l’union homosexuelle à six mois de l’élection présidentielle.
’est un moment d’histoire avec un grand "H" : pour la première fois dans les annales de la première démocratie mondiale, son président s’affiche ouvertement en faveur du mariage gay. Il l’a dit hier, expliquant que ses vues sur la question avaient évolué. En partie sous l’influence de Michelle et celle de ses filles : "Malia et Sasha, il ne leur viendrait pas à l’idée que les parents [gay] de leurs amis soient traités différemment." En cela, Obama rejoint un sentiment devenu majoritaire : selon un récent sondage Gallup, 50% des Américains sont favorables au "same-sex marriage", contre 48% qui lui sont hostiles.
C’est un tournant : en 1996, Bill Clinton signait une "loi de défense du mariage" homme-femme. En 2004, George Bush avait mobilisé les troupes conservatrices en défendant un amendement constitutionnel (finalement jamais voté) bannissant mariage gay.
A l’inverse, Barack Obama peut espérer ranimer, avec cette prise de position, l’enthousiasme – ramolli – des troupes qui l’ont élu en 2008. Le pari n’est pas sans risque : l’hostilité au mariage gay est un moyen sûr d’enflammer les électeurs conservateurs – pour preuve, l’amendement constitutionnel que vient de passer la Caroline du Nord, trentième Etat à avoir une Constitution bannissant le mariage gay. Mais ceux-ci haïssent déjà tellement le président qu’on voit mal ce qui pourrait les braquer davantage.
Séduire les indépendants
L’électorat clé, ce sont les indépendants. Selon Gallup, 57% d’entre eux soutiennent le mariage gay. Une majorité, donc, mais elle est fragile. Toute la difficulté, pour le président, sera d’utiliser ce thème pour mobiliser la gauche et le centre, en évitant que le débat politique ne soit pris en otage par l’une de ces "guerres culturelles" qui excitent généralement plus les conservateurs que les démocrates.
Obama a déjà posé quelques garde-fous, expliquant qu’il respectait les amendements votés par les Etats. Il rappellera aussi, sans doute, que ce n’est pas à lui de légaliser le mariage gay, mais au Congrès.
N’empêche, alors qu’une cour d’appel fédérale a déclaré inconstitutionnelle, en février, l’interdiction du mariage gay en Californie, la perspective de sa légalisation avance à grands pas. Obama a sauté dans un train en marche. A six mois de l’élection, cela ne manque ni de courage ni de panache
- Source Le Nouvel Observateur