Le ministre de la Culture veut faire du monument aux victimes du nazisme inauguré hier un message aux pays qui discriminent encore les homos
Émouvante et digne, la cérémonie d’inauguration du monument aux victimes homosexuelles du nazisme (lire Quotidien du 26 mai), qui s’est déroulée hier 27 mai à Berlin en présence de près d’un millier d’invités, a été marquée par les messages portés par l’État allemand.
Celui-ci a reconnu sa "responsabilité particulière" dans les crimes commis à l’égard des homosexuels et les discriminations que ceux-ci ont continué à subir même après la fin du régime nazi, jusqu’à la suppression définitive en 1994 de l’article du code pénal allemand condamnant l’homosexualité.
"Ce monument est l’expression de notre conviction que les discriminations à l’encontre des gays et des lesbiennes n’ont aucune place dans ce pays", a déclaré le ministre de la Culture, Bernd Neumann, s’engageant à ce que l’Allemagne donne de la voix dans le combat contre ces discriminations à l’échelle mondiale. "Nous devons faire en sorte que ce qui était possible sous le nazisme ne le soit plus jamais", a insisté de son côté le maire de Berlin, Klaus Wowereit. Sur le baiser entre deux hommes projeté à l’intérieur du monument (ci-contre), le militant Albert Eckert a expliqué, à l’attention de ceux qui en seraient choqués:
"C’est justement pour vous que ce monument a été construit et, s’il vous dérange, tant mieux." À l’instar de celui dédié aux victimes juives, le député Volker Beck a exprimé le souhait que ce monument devienne une étape obligée des chefs d’État étrangers en visite à Berlin. Photo: Pierre Girard