Dans la deuxième ville du pays, on est loin du mariage pour les homos. L’Etat du Jalisco subventionne même des «Ateliers de guérison» et autres «Chemins de la chasteté» pour les gays. Une situation que dénoncent les associations LGBT locales.
Tandis que la ville de Mexico annonce qu’elle marie deux couples homosexuels par jour, depuis l’adoption de la loi locale sur le mariage gay, la deuxième ville du pays, Guadalajara, connaît un sort bien différent. La capitale de l’Etat du Jalisco, pourtant lieu d’une des gay pride les plus importantes du pays, vit aujourd’hui une importante régression des libertés. Le gouverneur du Jalisco, Emilio Gonzales s’est récemment illustré par des déclarations homophobes qui ont choqué le Mexique: l’homme n’a en effet pas hésité à dire que «Les mariages homosexuels le dégoûtaient».
Des ateliers «Chemin à la chasteté»
Il a même déposé une controverse constitutionnelle devant la Cour Suprême du Mexique, contre la loi votée à Mexico qui permet le mariage entre personnes du même sexe et l’adoption d’enfants. Rejetée par la Cour, cette controverse a permis au Cardinal de Jalisco, Juan Sandoval, d’entrer en jeu. Le représentant de l’Eglise catholique a accusé les juges de la Cour suprême d’être payés par le maire de Mexico pour défendre la loi. Attaqué en justice par la ville de Mexico, le Cardinal ne perd pourtant jamais une occasion de répéter des termes homophobes. Récemment, et face à des journalistes, il a par exemple déclaré : «vous, cela vous plairait qu’un couple de pédés (maricones en espagnol) vous adoptent ?»
La polémique vient de s’amplifier encore avec l’annonce de la tenue d’un des ateliers de Courage International à Guadalajara les 12 et 14 novembre. Ces ateliers, dénommés «Chemin à la chasteté», visent à «guérir les homosexuels du pêché dans lequel ils vivent en leur proposant une vie de prière et de chasteté» selon les organisateurs. Cet atelier qui sera dirigé par le prêtre Paul Check, directeur de Courage et Richard Cohen de la Fondation international pour la guérison et auteur du livre Comprendre et guérir l’homosexualité, est en réalité cofinancé par de l’argent public de l’Etat du Jalisco. Ce sont les organisations qui défendent la diversité sexuelle qui ont dénoncé un montage financier illégal au regard de la Loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En effet, l’organisation Valora qui organise avec Courage International les mêmes ateliers de «guérison» a reçu depuis 2008 1,3 millions de pesos (près de 76 000 euros) de la part du gouvernement du Jalisco. Cette année, elle vient de recevoir 300 000 pesos supplémentaires (17 500 euros) pour «promouvoir les valeurs de la famille».
Etiqueter les homosexuels»
Rodrigo Rincon de l’association Codice (Cohésion de diversités) estime que «l’argent public doit servir pour améliorer les libertés, pas pour les limiter. Notre gouverneur ne fait que promouvoir l’homophobie et cela peut encourager la formation de groupes anti-gay violents comme nous en avons connu dans le passé». D’autres voix se sont élevées contre les ateliers de Courage International et les propos du Gouverneur. C’est le cas de l’académicien Arturo Navarro de l’ITESO qui a déclaré que «ces ateliers ne font qu’étiqueter les homosexuels comme des malades mentaux». Pourtant et malgré la polémique, le prochain atelier aura bien lieu à Guadalajara et avec de l’argent public. Un collectif d’une vingtaine d’associations de défense des Droits de l’homme a appelé à une manifestation le 15 novembre devant le Congrès local. L’objectif est de demander la fin tant des propos homophobes que du financement public des «ateliers de guérison».