Avec son spectacle “ Le jour où j’ai arrêté d’être un super-héros ”, Samuel Dardaine explore les tourments d’un adolescent découvrant son homosexualité.
La scène s’ouvre sur le visage éclairé de Dom, le héros, seule tache de lumière se détachant sur l’obscurité du plateau. Il parle de l’ombre et de la lumière. Dom a 12 ans et range du bois avec son père qui le taquine « pour voir s’il est un homme ». Puis, l’adolescent s’adresse à un ami auquel il annonce son homosexualité. Dès lors, Dom sera sans cesse confronté à ce dogme qui stipule qu’un garçon doit forcément être attiré par les filles…
Mettre l’identité gay dans une dimension positive
Dans ce spectacle intitulé « Le jour où j’ai arrêté d’être un super-héros », l’auteur et comédien Samuel Dardaine nous invite à suivre le parcours de son alter ego, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. « Adolescent, j’étais passionné par les comics américains et leurs récits de super-héros, explique celui qui est surtout connu pour ses spectacles jeune public, avec sa compagnie Et Si… Plus tard, j’ai fait un parallèle entre les X-Men et ce que j’ai vécu durant mon adolescence : les mutants découvrent leurs pouvoirs particuliers à l’adolescence, moment charnière de la construction de la personnalité et de la sexualité. Ils sont alors discrédités et pourchassés par les gens dits " normaux "… Ils combattent perpétuellement mais le font en revêtant un masque. »
C’est ce parallèle entre les comics et l’identité gay qui est le fil conducteur du spectacle. Pour assumer son identité amoureuse, Dom va faire entrer le monde des super-héros dans son quotidien. Ce monde fait aussi irruption sur le plateau : il apparaît sur l’écran tendu en fond de scène et Dom s’invente son propre personnage de vengeur masqué. « Je me suis reconnecté à mes années collège – très difficiles – pour transformer tout ça, explique Samuel Dardaine. Je voulais mettre l’identité gay dans une dimension positive, la sortir de la vision restrictive habituelle : le masque de super-héros devient ainsi un symbole de force. »
L’artiste établit aussi sa propre définition de l’homosexualité : « Ce n’est pas seulement être attiré par le même genre que le sien, relève Sam-Dom. C’est surtout avoir la force de quitter le cadre de l’hétérosexualité, avec toute la perte de repères que cela engendre. »
La scénographie est au diapason de ce lent cheminement vers la clarté : le décor s’éclaircit au fur et à mesure, le gris laisse place à la couleur. « L’idée, c’est d’aller de l’ombre à la lumière, explique la metteuse en scène, Dorothée Sornique. En parallèle, sur l’écran, on passe de croquis très simples à un dessin plus léché, comme si on passait du virtuel au concret. »
Après trois ans de gestation, de lectures intermédiaires et d’ateliers d’écriture, le spectacle est actuellement en cours de finalisation dans la salle du centre d’animation de Cap Sud, à Poitiers. Vendredi prochain, il sera présenté au public pour la toute première fois. Plus qu’un coming out, une renaissance ?
Vendredi 17 février, à 20 h 30, à Cap Sud, 20, rue de la Jeunesse, à Poitiers. Tarifs : 3,50 et 5 €. www.cap-sud-poitiers.com
- SOURCE LA NOUVELLE REPUBLIQUE