Monseigneur André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, a envoyé le 25 juillet dernier une prière à tous les diocèses de France afin qu’elle soit lue dans toutes les paroisses le 15 août, jour où les catholiques célèbrent l’Assomption.
Le texte est parfaitement anodin, écrit dans le plus pur style sibyllin que l’église catholique manie avec brio, laissant le soin à certains de ses évêques le soin d’assurer le service après-vente, qu’il s’agisse de Monseigneur Olivier de Germay (évêque d’Ajaccio), de Monseigneur Bernard Podvin (porte-parole des évêques de France) ou encore de Monseigneur Philippe Barbarin (archevêque de Lyon) qui a déclaré entre autres "Nous, catholiques, pensons que "la bible a davantage raison qu’un parlement" (Europe 1 la 4 août 2012) ou "Le Parlement n’est pas Dieu le Père" (Le Progrès le 14 août 2012).
Par cette initiative, l’église de France signifie qu’elle entend s’opposer aux réformes sociétales annoncées par François Hollande, qu’il s’agisse de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe ou du droit à mourir dans la dignité.
Cette initiative constitue une effraction manifeste de la part de la hiérarchie catholique, qui à intervalles réguliers tente d’empiéter sur le domaine politique, au mépris de la loi de séparation des églises et de l’État de 1905.
Si toutes les religions sont respectables, il n’appartient à aucune d’entre elles de s’ériger en modèle de référence dans l’espace public et de chercher à imposer son dogme et à influencer le contenu des lois qui s’appliquent à tous les citoyens, qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées.
Le mariage civil est un acte républicain et désacralisé, aussi nous récusons à l’église toute légitimité à se prononcer sur un débat parlementaire qui a pour but d’ouvrir celui-ci aux couples de même sexe.
Entendons-nous bien : la question n’est pas de savoir si l’église doit marier les couples de même sexe mais si la République doit les traiter à égalité avec les couples de sexe différent en mettant fin à une discrimination institutionnelle.
Prenant acte de la posture de l’église catholique, nous lui suggérons de consacrer sa prière aux victimes des actes dont elle s’est rendue responsable à travers les siècles :
– Les victimes de sa complicité passive avec l’esclavage,
– Les victimes de son silence coupable à l’égard du nazisme et du fascisme
– Les victimes de son soutien actif à certaines dictatures (celle de Franco, de Mussolini, de Pinochet, de Salazar entre autres)
– Les victimes des crimes pédophiles commis par certains prélats
– Les victimes de son rapprochement avec les groupes intégristes et schismatiques
– Les victimes de ses positions dogmatiques à l’égard du préservatif et de l’avortement.
Avec un tel passé et un tel passif, l’église catholique serait mieux inspirée de faire profil bas et de se consacrer à ses œuvres spirituelles; en lui souhaitant de parvenir à sauver son âme avant de vouloir sauver celle des autres.
Pour notre part et dans la perspective des débats parlementaires qui auront lieu au printemps 2013, nous sommes prêts et déterminés : à chaque fois que l’église catholique s’opposera aux aspirations à la liberté et à l’égalité, nous lui riposterons par une laïcité de combat !
Hussein Bourgi
Président du Collectif Contre l’Homophobie
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