SOS homophobie a appris, ce mercredi 13 juillet 2011, que les députés UMP ont présenté 30 propositions pour "promouvoir la famille durable", en réclamant de réserver en priorité l’adoption aux couples hétérosexuels ou aux seuls célibataires ayant un lien de parenté avec l’enfant, quand ses parents sont décédés. Hervé Mariton et Anne Grommerch, auteurs du rapport issu des travaux du groupe de travail UMP sur la famille lancé il y a six mois, ont souligné qu’il fallait renforcer la "valeur famille" : "Avoir deux parents de sexe différent est un bien élémentaire de l’enfant." Et le groupe UMP aurait validé les propositions de ce groupe de travail, selon leurs auteurs. Le message est donc clair : l’UMP dresse un nouvel obstacle pour les homosexuel-le-s qui souhaitent adopter et qui, faute de pouvoir le faire dans le cadre d’un mariage qui leur est encore refusé, n’ont d’autre choix que de procéder à une adoption en tant que célibataires, empêchant de fait la reconnaissance de leur conjoint-e comme parent légal de leur enfant.
SOS homophobie n’est pas seulement révoltée par tant de mépris et de méconnaissance : il s’agit là d’une nouvelle discrimination explicite à l’égard des personnes homosexuelles, ainsi que d’une négation totale des dizaines de milliers de familles homoparentales qui vivent en France et de leurs enfants, tout aussi épanouis que ceux éduqués par un couple hétérosexuel. Une fois encore, l’absence d’argumentation est criante, seule la valeur judéo-chrétienne de la famille hétérosexuelle érigée en modèle sacré par ce parti, pourtant laïc, est invoquée. L’intérêt supérieur de l’enfant est d’avoir des parents qui l’aiment, quelque soit leur sexe ou leur orientation sexuelle.
Mais SOS homophobie est, surtout, extrêmement préoccupée par ce qui semble être un mouvement de fond au sein du parti majoritaire. Que l’UMP n’ait, depuis dix ans qu’elle est au pouvoir, mis quasiment aucun moyen dans la lutte contre l’homophobie et n’ait pas oeuvré à davantage d’égalité entre les citoyen-ne-s sans distinction d’orientation sexuelle ou d’identité de genre, voilà déjà un drame pour les millions de lesbiennes, gays, bi et trans qui vivent en France. Mais ces 30 propositions sont plus graves encore : elles opèrent un retour en arrière. Le conservatisme et l’immobilisme ont cédé le pas à une pensée rétrograde. Au sein de l’UMP, comme nous l’écrivions le jour où les députés UMP ont rejeté massivement (97%) la proposition de loi du groupe SRC pour ouvrir le mariage aux couples de même sexe, les courants de pensée réactionnaires l’emportent aujourd’hui sur les courants modérés et progressistes, existants mais inaudibles. Inaudibles parce que minoritaires ?
SOS homophobie participe, en ce jour de Fête nationale française, au grand concert pour l’égalité organisé par SOS Racisme sur le Champ de Mars, où un nombre considérable d’associations de lutte contre les discriminations se retrouveront toutes pour faire vibrer la devise républicaine "Liberté, égalité, fraternité". Sur le terrain de l’égalité, à tout le moins, l’UMP nous prouve chaque jour qu’elle bafoue l’un des fondements de notre société, et ne laisse présager que le pire pour l’avenir et pour les millions des lesbiennes, gays, bi et trans, qui ne demandent qu’une chose : qu’on les considère comme des citoyen-ne-s à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoir que les autres. Ni plus, ni moins.