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 d’ADHEOS

Alors qu’ils se promenaient dans Heyrieux, dimanche 4 avril, deux jeunes homosexuels ont été injuriés puis frappés par quatre hommes. Poursuivis pour cette agression à caractère homophobe, ils ont été condamnés à de la prison ferme.
 
Ce sont des faits intolérables, inacceptables, qui ne devraient jamais avoir lieu dans notre société », s’indigne Audrey Quey, procureure de la République de Vienne. « En France, en 2021, se retrouver ici, sur le banc des victimes d’un tribunal car on est homosexuel, car on se promène main dans la main avec son compagnon, c’est malheureusement encore une réalité », s’insurge Maître Océane Bertrand pour la partie civile.
 
Vendredi 9 avril, le tribunal de Vienne avait à juger quatre hommes, âgés de 19 à 30 ans pour une agression à caractère homophobe.
 
 
Une pluie d’insultes avant les coups
 
Dimanche 4 avril, en fin d’après-midi, le jeune couple gay remonte l’avenue du Général-de-Gaulle à Heyrieux lorsqu’il essuie une première salve d’injures homophobes, du genre : « Bande de sales pédés, on va vous crever ». Le couple passe son chemin. « C’est fréquent », relèvent les victimes.
 
Sur le chemin du retour, le couple est la cible de nouvelles attaques verbales alors qu’il a changé de trottoir : « On va vous faire dégager de cette ville ». Ou encore : « Tu vas te faire tuer par Dieu, ce n’est pas normal d’être pédé car tu es musulman ». C’en est trop pour l’un des deux jeunes visés qui traverse la rue pour demander des explications. « Les injures étaient plus violentes que d’habitude », confie-t-il. Son compagnon s’interpose. Alors que le couple entend alerter le 17, l’un des agresseurs leur arrache le téléphone et le fracasse au sol. Les quatre hommes s’en prennent alors à eux physiquement et les font chuter. Des coups sont portés. Le couple doit son salut à l’arrivée d’une voiture, avec à son bord trois jeunes femmes choquées par l’agression.
 
La vidéoprotection de la commune est visionnée, des témoins entendus. Les gendarmes de la brigade d’Heyrieux identifient quatre hommes, d’Heyrieux, de Charantonnay et de Villefontaine. Placés en garde à vue jeudi 8, ils ont été déférés ce vendredi 9 avril. Et jugés en comparution immédiate.
 
« Je suis arrivé après la guerre, j’ai eu une petite embrouille, mais je n’ai rien fait de tout ça », se défausse le plus âgé des prévenus qu’un témoin dit avoir vu porter des coups. « J’ai vu qu’ils ont bousculé mon copain, mais je suis resté sur le côté », poursuit son camarade. « Moi ? Je n’ai jamais parlé avec eux », enchaîne un troisième prévenu. L’un finit tout de même par reconnaître : « Tout le monde a tapé tout le monde ». Un autre, enfin, s’excuse.
 
« À les voir tous les quatre dans le box, sans aucune remise en cause, sans tolérance, rejetant la responsabilité sur les victimes, j’ai un sentiment de colère profonde », tempête la procureure en requérant jusqu’à 3 ans de prison, et une interdiction de paraître à Heyrieux pour 5 ans, tandis que la défense plaide une relaxe partielle. Non pas pour les violences, qui sont établies, mais pour la nature des propos tenus. « Personne n’a pu établir qui a dit quoi, et même si ses propos ont été réellement tenus ».
 
Sur le banc des victimes, le jeune couple attend le délibéré. Chacun bénéficie de 8 jours d’ITT. Et souffre encore de douleurs, de vertiges. « Ils ont été agressés devant chez eux, ils ont désormais la crainte de sortir dans la rue », confie leur avocate.
 
Des peines jusqu’à un an de prison ferme, avec mandat de dépôt
 
La décision tombe : Antoine Morgillo écope de 2 ans dont la moitié de sursis, à quoi s’ajoute un an révoqué d’une peine antérieure ; Clément Rivera de 2 ans dont la moitié de sursis ; Kriss Mouflet et Anthony Regaldo de 18 mois dont 8 mois de sursis. Le tout assorti d’interdictions, comme celle de paraître sur Heyrieux. Le tribunal a délivré à leur encontre un mandat de dépôt.