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 d’ADHEOS

Trois jours après l’agression homophobe de Paul à Mazamet, dans le Tarn, l’adolescent de 17 ans et sa famille gèrent le traumatisme, dans l’incompréhension mais aussi dans l’angoisse de représailles

Paul est « fatigué, il a mal à la mâchoire, au dos, à l’œil. Il a peur de sortir et ne dort pas bien », confie sa mère Sandy, trois jours après l’agression homophobe dont l’adolescent de 17 ans a été victime dans un parc public de Mazamet (Tarn).

Il était 16h30 samedi et l’adolescent s’apprêtait à prendre le train pour rentrer dans son village, raccompagné par une amie, Emma*, avec qui il avait passé l’après-midi. Ils ont croisé une vague connaissance d’Emma. La fille leur a demandé s’ils étaient ensemble. Paul a répondu spontanément que non puisqu’il « aime les garçons ». Et, là, visiblement choqué par la confidence, la fille a rameuté des « cousins » pour donner une leçon à Paul. « Ils étaient une dizaine, des adolescents mais aussi des garçons d’une vingtaine d’années », précise Sandy.

« Sale pédé » et l’intervention d’un Bon Samaritain

« Sale pédé », les insultes ont fusé. Paul a été coursé puis tabassé en règle. C’est un passant qui est intervenu pour faire cesser l’expédition punitive. « J’aimerais tellement retrouver le monsieur qui a mis fin à ça », dit Sandy, touchée par cette intervention. Elle lance d’ailleurs un appel à ce Bon samaritain « d’une trentaine d’années, mat de peau et un peu costaud », à l’origine d’une parenthèse bienveillante au milieu de ce cauchemar.

Car le calvaire ne s’arrête pas là. Arrivés aux urgences de Castres, Paul, Emma et Sandy ont dû faire face à de nouvelles menaces. Celles d’une jeune fille, membre de la « bande ». Elle est venue menacer d’un « comité d’accueil » à l’extérieur de l’hôpital dont ils ont été discrètement « exfiltrés ». Elle venait faire pression pour qu’ils ne déposent pas plainte.

« Nous avons peur des retombées »

Ces tentatives d’intimidation sont à l’origine des insomnies de Paul, « qui a l’impression de les [ses agresseurs] voir partout ». « Nous avons peur des retombées, témoigne Sandy, Paul et sa sœur ne se déplacent plus sans nous ». La famille, malgré les assurances des policiers et du maire de son petit village vit dans l’angoisse. Dans la colère aussi. Le père et la mère de Paul sont particulièrement choqués des déclarations de l’avocat des trois jeunes, de 14 et 15 ans, interpellés et poursuivis pour cette agression. « Il parle de rivalité entre bandes, c’est n’importe quoi, Paul ne met jamais les pieds à Mazamet, il ne les avait jamais vus ». Les enquêteurs semblent pour l’heure sur la même longueur d’onde. « Le caractère homophobe de l’agression est contesté mais reste à ce stade des investigations retenu par le parquet », a indiqué lundi soir dans un communiqué Elodie Buguel, la procureure de la République de Castres.

L’enquête se poursuit, à la recherche de « coauteurs » des violences. Mais pour ceux déjà poursuivis, Sandy a été informée qu’un procès doit se tenir le 18 décembre à Castres. Défendue par un avocat conseillé par l’association Stop Homophobie, la famille se tient prête à livrer cette autre « bataille » contre la violence et l’intolérance.

* Le prénom a été changé