La plainte déposée par un couple gay agressé en 2009 a abouti à des peines de travail et de prison avec sursis. La circonstance aggravante d’homophobie a été prise en compte, au grand soulagement des deux victimes.
Jeudi dernier à Liège, la justice belge a condamné quatre personnes pour coups et blessures, injures et incitation à la haine, en soulignant le caractère homophobe des faits commis.
Le ton monte
Dans la nuit du 21 au 22 février 2009, C. et F., deux jeunes gays liégeois âgés d’une trentaine d’années, quittent une soirée et rejoignent leur voiture main dans la main. Liège est une ville animée et plutôt friendly. Pourtant, ce soir-là, une voiture ralentit à leur hauteur. Les occupants interpellent le couple par une question déplacée. Le ton monte. Des insultes sont échangées et l’un des jeunes agresse même physiquement le couple, encouragé par ses amis.
C. et F. ont porté plainte, en précisant bien le caractère homophobe de l’agression. Une circonstance aggravante prise en compte par la 11e Chambre du Tribunal correctionnel de Liège dans son jugement. Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme s’était porté partie civile, aux côtés des victimes.
Peine de travail
L’accusation de coups et blessures avec circonstance aggravante ainsi que celle d’injures sont retenues contre l’auteur des coups, qui est condamné à 150 heures de peine de travail (ou 10 mois d’emprisonnement subsidiaire). De plus, et c’est une première dans un dossier d’homophobie, l’incitation à la haine a été retenue contre trois de ses compagnons (le quatrième étant mineur à l’époque des faits) puisqu’ils ont incité l’auteur à la violence en raison de l’orientation sexuelle des victimes. D’ordinaire, ces faits sont qualifiés de non-assistance à personne en danger. Ces trois jeunes sont condamnés à 5 mois de prison avec sursis et à 275€ d’amende (sans sursis). Pour le Centre pour l’égalité des chances, il est très important et positif que le tribunal ait reconnu non seulement le caractère homophobe de l’agression en tant que circonstance aggravante des coups et blessures mais aussi les faits d’incitation à la haine.
Pour les deux victimes, c’est un soulagement. La violence des propos et des gestes a été particulièrement traumatisante. «Jamais nous n’aurions cru qu’en 2009, on pouvait encore se faire agresser de la sorte à Liège, sur un boulevard central, sans n’avoir rien fait d’autre que nous tenir par la main, racontent-ils. Des insultes, des coups, de l’angoisse, de la peur, une attention qui nous restera pour longtemps dès qu’un groupe sera près de nous… simplement pour s’être tenu la main en rentrant chez nous…»
Peu de signalements
En Belgique, la police est tenue d’enregistrer le caractère éventuellement homophobe d’une agression. Cela peut être une donnée essentielle pour la suite judiciaire de l’affaire. Malheureusement, le Centre pour l’égalité des chances reçoit relativement peu de signalements de «crimes de haine homophobe». La crainte de représailles, une certaine résignation ou l’impression que cela ne servira à rien incitent souvent les victimes à garder le silence. Le jugement rendu à Liège démontre pourtant toute l’utilité de cette démarche.