La police de Douala, au Cameroun, a arrêté 13 personnes lors d’une descente effectuée le 30 septembre dans les locaux d’Alternatives-Cameroun, une organisation qui lutte contre le sida et défend les droits des personnes LGBTI.
Parmi les personnes arrêtées figuraient cinq membres du personnel d’Alternatives, trois personnes du public qui se rendaient au centre d’accueil d’Alternatives et cinq employés d’une organisation non gouvernementale (ONG) qui travaille avec Alternatives mais qui n’a pas accepté le communiqué.
Selon un avocat des personnes arrêtées, la descente visait l’homosexualité, le trafic d’êtres humains présumé, et la pratique clandestine de la médecine.
Alternatives-Cameroun a publié la déclaration suivante :
Douala le 1er octobre 2024
13 personnels et bénéficiaires d’Alternatives-Cameroun et de [l’ONG] interpelés et gardés à vue à la Police Judiciaire de Douala.
Alternatives-Cameroun et [l’ONG] portent à la connaissance du public l’arrestation et la garde en vue de 13 personnes, staff et bénéficiaires d’Alternatives-Cameroun et de [l’ONG].
Les motifs sont les suivants selon leur avocat : (i) Traite des êtres humains, (ii) Pratique clandestine de la médecine et (iii) Homosexualité.
C’est le lundi 30 septembre, peu avant 17h, que le Procureur de la République, accompagné de policiers, et d’au moins deux agents avec l’insigne « INTERPOL », fait irruption dans les locaux d’Alternatives-Cameroun, situé à Maképé-Carrefour Patrick Mboma, à Douala. Le staff d’Alternatives-Cameroun était alors en séance de travail avec [l’ONG], pour la clôture [de un projet] mis en œuvre par [l’ONG] à Alternatives-Cameroun.
Une fois les visiteurs entrés, ils ont réuni toutes les personnes présentes dans la grande salle administrative, interdit l’usage des téléphones et commencé les interrogatoires sur les activités d’Alternatives-Cameroun. Suite à une question de la DIC [centre d’accueil] Manager sur le motif de leur visite, le Procureur dit parle d’une mission commandé par la Présidence de la République afin d’enquêter sur les trafic d’êtres humains.
Toutes les personnes présentes ont été interrogés sur le but de leur présence, ou sur leur rôle à Alternatives-Cameroun. Les fouilles des sacs et bureaux ont été effectués également.
Les questions tournaient autour de ce que fait Alternatives-Cameroun, quelles sont les cibles d’Alternatives-Cameroun, et à quoi servent les matériel découverts dans les sacs : préservatif, huile de toilette, et autres documents.
Une consultation sur la page de Facebook d’Alternatives montre qu’Alternatives-Cameroun s’occupent des LGBTI, travailleuses de sexe et usagers de drogues. Cette information attire l’attention des visiteurs et la précision apportée comme quoi il s’agit des cibles prioritaires de la lutte contre le VIH, ne semble pas les arrêter.
Les cartes d’identités de toutes les personnes présentes ont été récupérées, une liste des personnes présentes établie, et une photo de groupe prise, où figuraient toutes les personnes présentes, incluant les visiteurs. Les cartes d’identité ont ensuite été restituées, une partie des personnes libérées, et le reste embarquées sans aucune mention sur le motif de leur arrestation.
Les personnes embarquées sont au nombre de 13 :
Personnel d’Alternatives-Cameroun (5)
- Lucien EWANE, Président
- Hermine Ngo Ndaptie, DIC Manager
- Denis WATONWA, Conseiller psych
- Oumarou Ousmanou, Pair Educateur
- Fotie Zidane, Pair éducateur
Bénéficiaires d’Alternatives- Cameroun (3)
- Un bénéficiaire de 17 ans
- Un collégien âgé de 19 ans
- Un étudiant âgé de 21 ans
Le personnel de [l’ONG] (5)
- Dr Arnaud
- Rose Lummafor
- Yves OKALA
- Jennys
- Un chauffeur
Ce mardi 1er octobre 2024 à 14h, toutes les personnes interpellées se trouvaient encore à la [Police Judiciaire] de Douala.
Alternatives-Cameroun essaie de démontrer, documents à l’appui, qu’aucun élément probant ne permet d’inculper Alternatives-Cameroun pour l’un des motifs évoqués :
– Alternatives-Cameroun est dûment enregistré et ses services liés au VIH autorisés par le Ministère de la Santé Publique (Lettre D21-01/L/MINSANTE/UCS-FMP/C du 06 janvier 2023)
– Aucun élément ne prouve l’implication d’Alternatives-Cameroun dans le traffic d’êtres humains.
– Alternatives-Cameroun a mandat, de par la lettre ci-dessus évoquée, d’offrir les services offerts aux hommes ayant des rapports avec d’autres hommes, aux personnes transgenres et usagères de drogues. Ces services ne sauraient être interprétés comme promotion ou pratique de l’homosexualité.
Alternatives-Cameroun et [l’ONG] demandent la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes interpellées.
Pour Alternatives-Cameroun,
Le Directeur Exécutif ,
MAKANDA DAVID
SOURCE 76CRIMES.FR