Jean-Claude Roger Mbédé, un jeune gay camerounais, a déjà passé plus d’un an en prison. Les militants espèrent que son procès en appel permettra enfin une remise en cause les lois réprimant l’homosexualité.
«Je suis très amoureux de toi». C’est à cause de ce sms dérisoire qu’un étudiant camerounais de 32 ans vit un cauchemar depuis 18 mois. Début mars 2011, Jean-Claude Roger Mbédé avait été dénoncé aux gendarmes par le destinataire du message et traîné devant les tribunaux. Deux mois plus tard, il était reconnu coupable d’«homosexualité et tentative d’homosexualité» en vertu de l’article 347bis du Code pénal. Il a raconté que lors de sa garde à vue, il avait été «torturé et insulté chaque jour». Verdict: 36 mois de prison.
Dès lundi 17 septembre, l’affaire revient en appel devant un tribunal de Yaoundé. Cette fois, elle est suivie de près par les organisations de défense des droits humains locales et internationales: Human Rights Watch et Amnesty International se sont mobilisés. Plus de 48’000 signatures ont été recueillies sur le site AllOut.org. Localement, Mbédé est soutenu par l’Association de défense des homosexuels, pour qui la condamnation du jeune homme «viole les droits fondamentaux à la vie privée, à l’égalité et à la liberté d’expression». L’avocat du prévenu, Me Michel Togué, a décrit le cas des homosexuels au Cameroun comme «un combat permanent. On ne change pas la société par décret, a-t-il expliqué sur RFI, et nous pensons que les cultures vont évoluer.»
Nulle part où aller
Mbédé, qui a déjà passé plus d’un an dans la prison de Kondengui, à Yaoundé, bénéficie de la liberté provisoire depuis le mois de juillet dernier. Mais il estime déjà qu’il n’a plus d’avenir dans son propre pays. «Maintenant, ma famille dit que je suis dangereux et qu’ils ne peuvent pas vivre avec un homosexuel, ajoute-t-il. Les Camerounais savent qui je suis. Je ne sais même pas comment je pourrais retourner à mes études et trouver un boulot.»
- Source 360 CH