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 d’ADHEOS

Dans un entretien au site «Rue89», la présidente du Parti chrétien-démocrate tente de casser son image d’homophobe, tout en expliquant pourquoi elle est contre le mariage entre personnes de même sexe, l’homoparentalité et les études de genre.
 
 «J’ai des amis homosexuels, j’ai des homosexuels qui viennent passer leurs vacances chez moi». On n’attendait pas cette phrase dans la bouche de Christine Boutin et pourtant, c’est bien la présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD) qui la prononce, dans un long entretien avec les «riverains» de Rue89. Celle qui s’est faite connaître en s’opposant à la réforme du pacs en 1998 en a assez qu’on dise qu’elle a un problème avec les homos. «Vraiment, il faut arrêter cette histoire. J’en ai ras-le-bol, franchement: ras-le-bol», fulmine Christine Boutin.
 
 
Le mariage? «L’engagement d’un homme et d’une femme»
Mais alors, comment explique-t-elle sa fervente détermination à vouloir s’opposer au mariage entre les personnes de même sexe? «La question qui est posée par le mariage, c’est la raison pour laquelle les révolutionnaires de 1789 ont institué un mariage civil dans un pays qui fait une séparation si grande entre la vie publique et la vie privée», explique l’ancienne ministre du Logement. «L’engagement d’un homme et d’une femme devant l’Etat entraîne avec de grandes chances la pérennité de l’Etat par la naissance des enfants. Et en contrepartie de cet engagement devant la société, l’Etat renvoie une protection en cas de séparation». Seulement voilà, «jusqu’à preuve du contraire, deux homosexuels ne peuvent pas avoir d’enfants». «Ca arrivera peut-être, ça va peut-être se faire, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas», ironise Christine Boutin.
 
Et au sujet du pacte civile de solidarité, Christine Boutin campe sur ses positions. «Là-dessus, on s’est tous fait bien avoir, que ce soit la droite ou la gauche», affirme-t-elle. «En 1999 (l’année de l’instauration du pacs, nldr), on était tous pour ou contre sur une demande des homosexuels. Qu’est-ce qu’on s’aperçoit aujourd’hui? 96% des pacsés sont des hétérosexuels», déplore la présidente du PCD, qui semble découvrir que la proportion des homosexuels dans la société est largement plus basse que celle des hétéros…
 
«Pas de propos discriminants vis-à-vis des homos»

 
Lorsqu’un lecteur de Rue89 demande à Christine Boutin si elle trouve normal que, dans le cas de couples homosexuels élevant des enfants, l’un d’eux ne soit pas reconnu par la loi, celle-ci répond par l’affirmative. «Chacun vit comme il peut, comme il veut, sa vie sexuelle, mais je pense que les meilleures conditions – même si ce n’est pas une assurance à 100% – pour un enfant de se construire physiquement et psychologiquement, c’est d’avoir un papa et une maman».
 
Mais qu’on se le dise: Christine Boutin «n’a pas de propos discriminants vis-à-vis des homosexuels ni envers les transsexuels». «Je mets au défi quiconque de trouver chez moi des propos qui soient blessants (à leur encontre)», déclare-t-elle, avant de concéder qu’elle peut «faire des erreurs». Bien au contraire, lorsqu’elle était parlementaire, avant d’être ministre du Logement, elle a, dit-elle, «déposé tout un tas d’amendements qui rétablissaient l’égalité des droits (entre les homosexuels et les hétérosexuels) sans créer de statut». Des amendements dont le contenu reste assez mystérieux, à moins qu’il ne s’agisse de la discussion ouverte par Christine Boutin en 2009, en plein débat sur la création du pacs. Elle avait alors proposé que les inégalités, notamment successorales, vécues par les couples homos soit considérées et gommées, sans avoir à passer par la création d’un contrat spécifique. Christine Boutin dit aussi avoir «travaillé pour voir le statut tragique – tragique au sens du droit et au sens affectif – des changements d’identité pour la transexualité». «J’étais ministre. Après, j’ai été députée et je ne l’ai pas fait. Mais ne croyez pas que je sois en-dehors de cette préoccupation-là. Pas du tout». On ne saura donc pas exactement vers quel sens s’orientait son travail, mais en tout cas, elle semble considérer que ces questions n’ont pas leur place au lycée.
 
«Sarkozy m’avait promis qu’il n’y aurait pas de mariage homo»
Face aux lecteurs de Rue89, Christine Boutin revient en effet sur son opposition à l’enseignement des études de genre en classe de première, qui l’a récemment poussée à lancer une pétition (lire notre article). «Ce qui m’a posé problème, c’est que l’on présente ça dans des disciplines scientifiques, comme s’il s’agissait d’une réalité scientifique», explique-t-elle. «La théorie du genre est une idéologie, une réflexion, de la sociologie, mais certainement pas dans une discipline scientifique», continue-t-elle, ajoutant qu’elle est en revanche «tout à fait favorable pour que les disciplines philosophiques et littéraires parlent» de cette théorie.
 
Candidate à la présidentielle de 2012, Christine Boutin explique enfin pourquoi elle ne s’est pas présentée en 2007. Si, à l’époque, elle avait expliqué sa non-candidature par peur d’assister à «un 21 avril à l’envers», elle avoue aujourd’hui avoir conclu un accord avec Nicolas Sarkozy. «Il m’avait promis qu’il n’y aurait pas d’euthanasie et pas de mariage homosexuel», raconte-t-elle.