Le 19 juin, le procureur général de la République Démocratique du Congo (RDC), basé au parquet général de la Cour de cassation, a ordonné aux procureurs généraux des cours d’appel de toutes les circonscriptions judiciaires du pays, y compris les plus éloignées comme Kisangani et Lubumbashi, situées à environ 2300 km de Kinshasa, la capitale, d’engager des poursuites « contre les auteurs des pratiques déviantes à caractère sexuel et homosexuel, ainsi que les auteurs des nuisances sonores ».
Une homophobie sans loi
Cette décision intervient seulement quatre jours après la récente missive adressée par le nouveau ministre de la justice, Constant Mutamba, auprès dudit procureur général, Firmin Mvonde Mambu, alors que la RDC ne pénalise pas l’homosexualité et que les relations sexuelles consenties entre adultes n’y constituent pas une infraction, ni un délit selon la loi en vigueur.
Aujourd’hui, dans son courrier, le procureur général évoque sans détour la mise en œuvre d’une « répression » qu’il souhaite « responsable » et « méthodique » pour désamorcer toute « résistance », tout en faisant allusion aux personnes LGBT+ en utilisant des formules sibyllines lorsqu’il mentionne les « phénomènes sociaux ».
Officiellement, l’objectif de cette injonction avec obligation d’exécution est d’offrir une « quiétude » à la population congolaise, aux moyens de « campagnes de sensibilisation », même si cet amalgame troublant entre homosexuels et auteurs de tapages nocturnes ne laisse guère de doute.
Une homophobie d’État
D’ailleurs, Rebecca (pseudonyme) une observatrice de la vie publique en RDC tient à souligner sous le sceau de l’anonymat : « Ce sont bien entendu les personnes LGBT+ qui sont dans la ligne de mire de Constant Mutamba et ce nouveau coup de boutoir survient alors que l’intéressé avait déjà fait une proposition de loi en vue de criminaliser l’homosexualité en RDC quand il était député, il y a de cela 2 mois ».
Pour rappel, Mutamba avait introduit une proposition de loi visant à condamner l’homosexualité de peines allant jusqu’à 15 ans de « servitude pénale » et 15 millions de francs congolais d’amendes (entre 2 600 $ et 5 300 $), dans un pays où le salaire mensuel moyen en République Démocratique du Congo est estimé à 49$.
Rendre difficile l’entreprise d’un génocide
Rebecca ajoute : « Nous sommes au carrefour de l’Afrique Centrale et de la région des Grands Lacs et le recours à une répression extra-légale autant que l’usage prémédité et la mobilisation de tous les moyens de l’État, laissent présager l’intention de causer des souffrances voire pire.
C’est pour prévenir toute tentative de dissimulation en regard de probables préjudices à venir, envers la communauté LGBT+, que nous faisons fuiter certains documents, afin que la société civile internationale sache ce qui se prépare au Congo (RDC), si nous venions à disparaître demain ».
Source : stophomophobie.com