Jennifer, une femme transgenre originaire du Bénin, a été poignardée à mort dans la nuit du 4 au 5 avril 2025, dans son appartement situé à Angré Château, un quartier d’Abidjan. Selon les premières informations, elle aurait vraisemblablement invité son agresseur, rencontré sur les réseaux sociaux.
Âgée de 23 ans, Jennifer avait fui son pays en 2021 après avoir été violemment agressée dans un bar de Cotonou, et avait été relocalisée en Côte d’Ivoire dans l’espoir d’y trouver refuge.
Son meurtre, d’une extrême brutalité, provoque une vive émotion au sein des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent une impunité persistante et le manque de protection des personnes LGBT+ en Afrique de l’Ouest.
Une survivante ciblée à nouveau
D’après l’organisation Hirondelle Club International, Jennifer faisait partie d’un groupe de trois femmes trans agressées, battues et dénudées publiquement dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2021, à Cotonou. Une plainte avait été déposée, aboutissant à la condamnation de l’agresseur à un an de prison, dont six mois ferme. Craignant pour leur sécurité, les victimes avaient été envoyées en Côte d’Ivoire, considérée comme un pays plus tolérant, bien que toujours dépourvu de cadre légal pour la reconnaissance des identités LGBT+.
« Jennifer a été tuée chez elle, entre 1h et 5h du matin. Ses biens — téléphone, ordinateur et argent — ont été volés », déclare Luc Agblakou, président de Hirondelle Club. Il dénonce un meurtre à caractère transphobe, nourri par un climat d’impunité et une marginalisation systémique.
« Elle ne voulait qu’une chose : vivre librement, en accord avec ce qu’elle était. Elle avait entamé sa transition dans l’espoir de trouver un peu de dignité », souligne l’association.
Une alerte ignorée
Ce drame s’ajoute à une série d’agressions ciblant les personnes LGBT+ dans la région. En septembre 2024, Hirondelle Club avait déjà alerté la communauté internationale sur la montée des violences en Côte d’Ivoire.
Malgré ces signaux, aucune réponse concrète n’a été apportée.
Pire encore, certains militants qui ont pris la parole pour dénoncer le meurtre de Jennifer ont reçu des menaces de mort. Plusieurs d’entre eux ont déjà fui le pays, selon les témoignages recueillis.
Un appel à la justice et à la mobilisation
« Aucun pays ne semble véritablement sûr pour les personnes LGBT+ en Afrique de l’Ouest aujourd’hui », déplore Luc Agblakou, qui appelle les autorités ivoiriennes à ouvrir une enquête rapide et impartiale.
« Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que cette réalité ne soit prise au sérieux ? » s’interroge-t-il.
Nous appelons également à une mobilisation internationale pour garantir la sécurité, la reconnaissance et la dignité des personnes LGBT+ dans les pays où elles restent particulièrement vulnérables à la violence.
Nos pensées vont à la famille, aux proches et à toutes celles et ceux qui aimaient Jennifer. Que sa mémoire nous engage à ne jamais détourner les yeux.
Source : stophomophobie.com