Ivan Massow, un gay britannique de 44 ans, a suivi le séminaire Exodus aux Etats-Unis, qui prétend «guérir» l’homosexualité. Il a raconté son aventure dans l’«Evening Standard».
N’avez-vous jamais été tenté, par pure curiosité, d’essayer un de ces camps de «guérison» de l’homosexualité? Pour voir ce qui s’y passe, et comment ces gens pensent pouvoir vous «changer»? Ivan Massow a succombé à la tentation. Il a suivi le programme de l’Exodus International Freedom Conference annuelle, dans le Minnesota. Pendant cinq jours, il a vécu dans une résidence idéale, avec ses espaces verts et ses points d’eau. Il a entendu tout le mal possible et inimaginable sur l’homosexualité, et il a fréquenté des hommes, jeunes ou vieux, qui sont persuadés que leur orientation sexuelle est un péché mortel. Ils sont 1.200 à avoir payé 1.000 dollars pour participer.
Ivan a ensuite publié le journal de ses aventures dans le quotidien britannique, The Evening Standard.
Pas de remède miracle
Le premier jour, le masque tombe: «Il n’existe aucun remède.» C’est ce que le président d’Exodus, Alan Chambers, explique à ses auditeurs, déçus. Il a renoncé à l’homosexualité en 1991, mais il a beau être marié et père de famille, il ressent toujours du SSA (same sex attraction), de l’attraction pour ceux du même sexe. Il se bat contre ses «désirs qui l’appellent comme des sirènes chaque minute de chaque jour, 24 heures par jour durant toute sa vie».
[exergue-right]Le programme du camp n’est pas fait que de longs discours. Un de ses ateliers apprend à «dés-érotiser ses sentiments amoureux». Le prof parle d’expérience: «J’imagine que le Saint-Esprit forme un bouclier autour de l’objet de mon désir, et que je ne peux pas le traverser. Ensuite, je crie le nom de Dieu trois fois.» Les volontaires pourraient presque s’essayer aux travaux pratiques le soir même. Ivan partage sa chambre avec trois autres hommes, notamment un ex-militaire qui en est à sa troisième conférence.
Apologie du célibat
Pas question, bien sûr, de folâtrer entre deux cours, «certains regards furtifs sont échangés mais ils finissent toujours sur le sol». Les conférenciers ne conseillent pas non plus d’aller vers les femmes: «être célibataire est un don. Le contraire de l’homosexualité n’est pas l’hétérosexualité. C’est la sainteté». «Je regarde autour de moi, je vois des têtes qui acquiescent, et j’ai envie de pleurer». Plus tard, Ivan demande à ses compagnons s’ils comptent vraiment rester célibataires toute leur vie. La réponse est non.
Lors d’un atelier, Ivan sent pour la première fois quelqu’un flirter avec lui. Mais Tom, le jeune homme, se ressaisit, «je crois en tout ce que dit la Bible, l’homosexualité est un péché». A 22 ans, il a déjà passé un an dans un pensionnat censé le «changer».
«En paix avec leur orientation sexuelle»
Ivan est assez étonné du discours d’Exodus: avoir des sentiments homosexuels n’est pas un problème en soi, c’est y succomber qui est un péché. «A la fin, certains me disent qu’ils se sentent en paix avec leur orientation sexuelle pour la première fois, même s’il est interdit de pratiquer.»
En quittant la conférence, Ivan ne se sent «pas abandonné ou en colère. Exodus est tenu par des gens qui pensent sincèrement qu’ils aident ces âmes fragiles à vivre dans ce monde de brutes». Malgré tout, il n’est pas convaincu, Exodus enfile peut-être un gant de velours mais la main de fer est dedans.
- Image: capture d’écran du site du journal.
- Source TETU