Deux instances clés de la santé publique jugent inadéquat le projet de plan de lutte contre le sida du ministère de la santé.
Le Conseil national du sida (CNS) et la Conférence nationale de santé ont rendu public un avis conjoint sur le projet de plan national VIH/sida-IST 2010-2014, censé guider la politique publique française de lutte contre le sida. Vous avez bien lu, ce projet évoque 2010, et nous sommes déjà au milieu de l’année. La lutte contre la pandémie n’apparaît pas urgente à tout le monde.
Saisies par la Direction générale de la santé (DGS, c’est-à-dire le ministère), les deux instances jugent le projet de plan «incapable de répondre aux enjeux actuels de la lutte contre le sida et les IST.» Contre l’ensemble des avis d’experts, aucune redéfinition radicale de la politique de dépistage n’est engagée. L’avis regrette également «les contradictions persistantes entre les politiques de santé et les autres politiques publiques, en particulier de sécurité et d’immigration». Mais ce n’est pas tout, le CNS sort de sa torpeur pour demander la garantie d’ un accès universel à la prévention et aux soins, avant de déplorer dans ce domaine, «l’effondrement du leadership de la France à la fin des années 2000».
Pas assez de dépistage
Faut-il comprendre que le CNS met un zéro pointé à la DGS? Pas exactement, il s’agit plutôt d’un avertissement, ou d’un rappel des priorités. On peut légitimement se demander pourquoi la DGS a commandé un rapport d’experts, si c’est pour faire l’inverse de ce qui est préconisé. Serait-ce un mal français? Suite à la publication de cet avis critique, le ministère a indiqué qu’il allait «nourrir la phase finale d’élaboration du plan qui sera rendu public dans les semaines qui viennent».
La Haute autorité de santé (HAS) avait elle aussi préconisé que le dépistage soit proposé systématiquement à toute la population, de 15 à 70 ans et qu’il soit renforcé pour les groupes estimés plus vulnérables, comme les gays. En France, 40 à 50.000 personnes vivent avec le VIH sans le savoir. Une personne sur deux est dépistée tardivement, et les conséquences sont parfois dramatiques. «210 personnes meurent chaque année pour avoir été prises en charge tardivement», a ainsi souligné le Pr Willy Rozenbaum, président du CNS.