C’est parce qu’il ne supporte plus la tournure prise par le débat autour du projet de loi qu’Eric Brochard, avec d’autres, va manifester ce matin à Niort
La date de son mariage est fixée : ce sera dès cet été, le 31 août à la mairie de Niort. Quant au rassemblement prévu ce matin devant cette même mairie, à 11 h, non seulement il y sera, Éric Brochard, mais c’est même lui qui en est à l’origine. Ce Niortais de 42 ans, chef de projet dans un organisme public, n’a pourtant rien d’un activiste, ni d’un militant. Son unique carte, il l’a prise hier matin pour adhérer à SOS Homophobie.
Depuis quelques semaines, explique-t-il, il ne supporte plus la tournure prise par le débat autour du mariage pour tous. Alors, il a interpellé des élus de sa connaissance et des responsables d’associations pour leur dire ce que lui et son ami ont sur le cœur. Et c’est ainsi qu’a germé l’idée d’un rassemblement local faisant écho à la mobilisation parisienne du jour en faveur du projet de loi.
" Cet amalgame est pour moi insupportable "
C’est un échange sur Twitter avec un autre Niortais, Ronan Quelven, à la tête du mouvement « La manif pour tous » dans les Deux-Sèvres, qui a fait sortir Éric de ses gonds et de l’anonymat : « J’ai tenté d’échanger avec lui pour essayer de comprendre son opposition et, parmi ses arguments, j’ai découvert celui-ci : " Le mariage pour tous, cela doit aussi concerner les relations incestueuses, les relations à plusieurs partenaires, les relations avec les mineurs… ce projet est donc fondé sur une fausse universalité de bon aloi. " Cet amalgame est pour moi insupportable ! Et particulièrement pour les jeunes qui vivent encore leur homosexualité dans le silence et la souffrance. »
Quand il a pris conscience de sa propre orientation sexuelle, à l’adolescence, Éric vivait dans un village de Loire-Atlantique. Mission impossible que d’assumer au grand jour, à la campagne, même quand on a des parents laïcs et respectueux de la liberté individuelle. « Ce n’est qu’à l’âge de 25 ans que j’ai réussi à me confier. D’abord à mes amis proches, puis à mes parents. Tout s’est plutôt bien passé, ils ont compris. Le " coming out " de gens connus comme Jean-Luc Romero, Bertrand Delanoë ou Amélie Mauresmo m’ont aidé à franchir le pas. Je me suis dit : pourquoi pas moi ? »
En 2004, Éric a rencontré Éric Cursey. Ce Niortais, un peu plus âgé que lui, acheteur dans une grande société, s’est égaré dans une sexualité qui n’était pas la sienne. Alors, il a divorcé. « Nous voulions construire quelque chose de solide ensemble. Je suis venu à Niort où j’ai retrouvé un emploi un mois plus tard. » Un emploi et… deux ados de 12 et 15 ans. Le couple s’est installé dans un grand appartement pour pouvoir les accueillir une semaine sur deux. « Leur maman avait retrouvé un compagnon et tout s’est très bien passé entre nous. Aujourd’hui, nous formons comme une grande famille », sourit Éric. Huit années ont passé. L’aîné est aujourd’hui ingénieur à Montréal et, Manon, la cadette prépare un BTS de communication. Son témoignage (lire ici) se veut une réponse à ceux qui ne croient pas au bonheur d’un enfant au sein d’un couple de même sexe.
Favorable à l’adoption, Éric Brochard l’est aussi à la procréation médicale assistée (PMA). « Ce débat, qui ne concerne pas que les homosexuels, est ridicule car il suffit aujourd’hui de franchir la frontière belge ou espagnole pour y accéder ! »
- Source NR