Un arrêté publié ce 10 mai réforme les critères d’évaluation de santé des militaires. Les personnes vivant avec le VIH peuvent désormais être recrutées dans toute l’armée, que ce soit pour être gendarme, sapeur-pompier ou soldat.
Les personnes vivant avec le VIH l’attendaient depuis longtemps. L’une des discriminations les plus manifestes persistant à leur égard sur le marché de l’emploi vient d’être levée. Comme têtu· en annonçait le projet, l’armée a revu son système d’évaluation de santé lors des recrutements, qui jusqu’ici excluait de fait les séropositifs de servir sous le drapeau. Un arrêté en ce sens, signé du ministre des Armées Sébastien Lecornu, vient d’être publié au Journal Officiel dans son édition du 10 mai.
Ainsi, les personnes seropositives qui suivent un traitement efficace depuis plus de 12 mois pourront accéder à tous les postes. Cela concerne notamment les gendarmes, les pompiers militaires (sapeurs-pompiers de Paris et marins-pompiers de Marseille) mais aussi les militaires déployés sur des opérations extérieures.
Anachronisme sérophobe
C’est via sa grille d’évaluation de l’état de santé que l’armée excluait jusqu’ici les personnes vivant avec le VIH (PPVIH), en leur attribuant systématiquement une note rédhibitoire pour tout ou partie du recrutement, sur la base d’une vision anachronique des traitements du VIH. Désormais, précise l’arrêté, les personnes dont la charge virale est indétectable recevront une note d’évaluation de leur santé de 2 ou 3 sur une échelle de 1 à 6 (contre 3 à 5 auparavant). La note 3 n’exclut pas de l’armée mais seulement de certains postes opérationnels, et reste prévue pour prendre en compte d’éventuels effets secondaires qui pourraient mettre en danger le soldat en opération. Dans les faits, après 12 mois de suivi, les traitements sont très généralement adaptés pour ne pas en produire.
“Depuis de longues années, nos associations* et les personnes concernées dénoncent ce référentiel obsolète et discriminatoire, qui exclut les personnes vivant avec le VIH de l’accès à la plupart des métiers qu’il encadre, sans s’intéresser à leur état de santé réel”, se félicitent dans un communiqué collectif huit associations de lutte contre le VIH et les LGBTphobies. Elles appellent au passage à ce que cette nouvelle grille concerne également les pompiers qui ne dépendent pas de l’armée.
Depuis les années 2010, les antirétroviraux permettent de bénéficier d’un état de santé similaire au reste de la population, mais aussi de ne pas transmettre le virus. Quant à la seconde inquiétude de l’armée, à savoir l’accès aux médicaments dans des zones de conflit, des traitements à action prolongée sont désormais aussi disponibles grâce à des injections tous les deux à trois mois.
*ADHEOS, Aides, Élus locaux contre le sida, Familles LGBT, Flag!, Mousse, Séropotes et Stop homophobie
- SOURCE TETU