NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Les guets-apens homophobes se multiplient en France, notamment via des sites internet, où les victimes sont piégées, puis agressées. La justice et la police s’intéressent particulièrement au site coco.fr.

Tous les deux mois, une personne homosexuelle est piégée puis agressée, avec le même mode opératoire : toutes les victimes sont passées par des sites de rencontres, parmi lesquels coco.fr, qui est aujourd’hui dans le collimateur de la justice et de la police françaises.

C’est le cas d’Alain, un homme d’une cinquantaine d’années, homosexuel assumé. Ce dimanche de septembre, il surfait à la recherche de rencontres sur le site coco.fr. C’est un site très prisé par la communauté gay parce qu’il est anonyme. Alain est contacté par un autre homme d’une vingtaine d’années. Le rendez-vous est pris quelques heures plus tard. Mais c’est en réalité un piège, dans lequel Alain aurait pu y laisser la vie.

“C’était ma soirée de repos. J’ai été sur ce site de rencontres, et j’ai parlé avec un jeune homme qui m’a dit qu’il voulait éventuellement rencontrer quelqu’un”, se souvient Alain, au micro de RTL ce lundi matin. Arrivé sur les lieux, ce dernier comprend rapidement qu’il a été piégé : “Il y avait bien un jeune homme, mais le souci, c’est qu’il y en avait cinq autres cachés dans les champs de maïs avec des battes de baseball, des manches à balai“, explique-t-il encore.

Alain subit alors un passage à tabac : “À peine sorti de la voiture, je n’ai pas eu le temps de discuter. Une fois que j’étais au sol, j’ai encaissé tout ce qui est manche en bois, matraque et autres”, raconte-t-il. Et d’ajouter, à propos de son agression : “Après c’était des insultes : ‘tu vas crever’, ‘sale pédé’…”. “Ils ont tapé jusqu’à ce que je ne bouge plus.”

Les agresseurs laissent ensuite Alain “un peu pour mort”, inerte, au sol, et lui volent sa voiture. Mais lorsqu’il se relève, les hommes font alors marche-arrière : “pour essayer de m’écraser”, précise Alain, qui indique avoir “sauté dans le fossé” pour échapper à ses assaillants.

Alain s’en est sorti avec des côtes cassées, un visage tuméfié, une quinzaine de jours d’arrêt de travail. Mais son cas est loin d’être isolé. Ainsi, selon SOS Homophobie, il y a plus d’un guet-apens tous les deux mois, et ce ne sont là que les cas recensés officiellement. Tous les magistrats, les procureurs contactés le disent, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Et tous disent également qu'”il y a un problème ‘coco’ en France”. Les guets-apens crapuleux se multiplient avec toujours la même méthode : un rendez-vous galant donné, puis une invitation à se diriger vers un autre lieu pour plus d’intimité. C’est que là que l’agression et le détroussage commencent.

Beaucoup de victimes n’osent pas porter plainte parce qu’elles ne veulent pas que leur entourage sache qu’elles sont allées sur site internet de rencontre, qu’elles ont des relations homosexuelles ou adultérines. Et c’est là-dessus que jouent les délinquants.

Le site hébergé sur l’île de Guernesey

Le site continue d’exister, car même si le propriétaire du site internet est bien français, la société qui possède coco.fr est basée en Bulgarie, et le site de rencontres qui s’appelle en réalité coco.gg, et est hébergé sur l’île de Guernesey, un territoire britannique. C’est donc très compliqué pour les magistrats d’obtenir les identifications des agresseurs, d’autant que le site garde très peu d’historiques de conversations.

L’association SOS Homophobie, par la voix de Baptiste Garaud, demande solennellement sur RTL ce lundi matin l’interdiction de coco.fr par les fournisseurs d’accès.

“On sait que c’est un site où l’on peut avoir des trafics de drogue, des trafics d’armes, de la prostitution et de la nudité infantile, de la pédopornographie… Le dispositif juridique existe pour demander aux fournisseurs d’accès internet de fermer le site, de bloquer son accès en France”, explique ce dernier. Et de souhaiter que ce dispositif puisse être “mis en œuvre”.

Nous avons contacté le site coco.fr à plusieurs reprises et via plusieurs canaux différents mais toutes nos demandes d’interviews et de renseignements sont restés lettre morte.

SOURCE : rtl