Porté par le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, le projet de loi a été adopté par 176 des 254 députés présents au Parlement, à l’issue de deux jours de débat. La Grèce devient le 37ᵉ pays du monde à reconnaître l’égalité en matière de mariage civil et d’adoption, mais, surtout, “le premier pays chrétien orthodoxe”, souligne la presse du pays.
Le mariage homosexuel a été légalisé par le Parlement grec le jeudi 15 février, ouvrant la porte à l’adoption par des couples de même sexe, “une avancée importante pour l’égalité des droits humains et une victoire pour la communauté LGBTI”, se réjouit le quotidien de centre gauche Efsyn. Le projet de loi a été adopté par 176 voix sur un total de 254 votants, avec l’appui de la plupart des députés de gauche et malgré l’opposition d’un tiers des élus de la Nouvelle Démocratie (ND), le parti au pouvoir.
“Ce soir, la Grèce est fière de devenir le 16e pays de l’Union européenne à légiférer sur l’égalité du mariage. Il s’agit d’un jalon en matière de droits de l’homme qui reflète la Grèce actuelle – un pays progressiste et démocratique passionnément attaché aux valeurs européennes”, s’est félicité sur le réseau social X le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui s’était engagé à adopter ces mesures après sa réélection écrasante l’année dernière.
Proche de la ND, le quotidien I Kathimerini note par ailleurs que la Grèce est le 37e pays du monde, mais surtout “le premier pays chrétien orthodoxe” à reconnaître l’égalité en matière de mariage civil et d’adoption. Les droits des parents et des enfants constituent ainsi “la pierre angulaire” de la législation, qui permettra aux couples de même sexe d’adopter et de bénéficier d’une pleine reconnaissance parentale, explique CNN.
Une certaine résistance dans la société
Selon The New York Times, il convient toutefois de souligner que “dans un pays qui reste l’un des plus socialement conservateurs d’Europe, où le modèle familial traditionnel est toujours prédominant et où l’influente Église orthodoxe considère l’homosexualité comme une aberration”, ces mesures se sont heurtées à une “certaine résistance”.
Ainsi le Saint-Synode, la plus haute autorité de l’Église orthodoxe grecque, a affirmé dans une lettre aux législateurs ce mois-ci que le projet de loi “abolit la paternité et la maternité, neutralise les sexes” et crée un environnement de confusion pour les enfants. Certains évêques ont prévenu qu’ils “refuseraient de baptiser les enfants de couples de même sexe”, tandis que des “groupes religieux ont uni leurs forces avec des partis d’extrême droite” pour organiser des rassemblements contre cette loi.
Quant aux sondages d’opinion, ils ont montré une société grecque “divisée” sur ces questions, révèle le New York Times. Si, dans la plupart des sondages, la moitié des personnes interrogées ont exprimé leur soutien au mariage homosexuel, une majorité de Grecs se sont déclarés opposés à l’autorisation d’adopter pour les couples de même sexe.
Manœuvre politique “audacieuse”
Naturellement, le projet de loi a également suscité des résistances au sein du spectre politique grec. Durant les deux jours de débat au Parlement, “le ton est monté à plusieurs reprises et de nombreux slogans d’extrême droite ainsi que des propos homophobes ont été entendus”, relate ainsi Efsyn.
Le journal grec rappelle en outre la situation délicate dans laquelle se trouve le gouvernement conservateur vis-à-vis de l’UE : le 7 février, le Parlement européen a en effet voté une résolution inédite sur l’état de droit et la liberté des médias en Grèce, demandant à la Commission européenne de prendre des mesures. Si bien que le gouvernement s’est retrouvé “sous le feu des critiques des partis d’opposition”, malgré le soutien de ces derniers à la loi.
Pour le site d’information de droite In.gr, la ND, déjà “au plus bas barométrique”, sort “blessée” de ce débat. Malgré le fait que Kyriakos Mitsotakis ait exhorté les députés de son propre camp à l’abstention en cas de désaccord – ce qu’ont fait 31 d’entre eux –, 20 ont tout de même fait le choix de voter contre, “ébranlant les fondations du parti du Pirée” et “ressuscitant l’âme de la droite populiste et homophobe”.
L’hebdomadaire gratuit Lifo semble en revanche admiratif de la manœuvre politique du Premier ministre, qui parvient, selon lui, à “construire son profil européen”, à “détourner le programme de la gauche” et à “pousser son opposition interne, déjà dévastée, dans le trou immonde de l’extrême droite”. L’éditorialiste de Lifo loue par conséquent l’“audace” de Mitsotakis qui fait, envers et contre tout, “avancer la société”. “J’avoue que je ne m’y attendais pas”, conclut-il.
SOURCE : courrierinternational.com