SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial veulent contraindre l’Etat à organiser chaque année au moins trois séances d’éducation à la sexualité à l’école. Ce qui est prévu par la loi, mais rarement mis en œuvre.
Objectif : «mettre l’Etat devant ses responsabilités» et «demander l’application pleine et entière de la loi de 2001». C’est ce qu’écrivent les associations SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial ce mercredi dans un communiqué. Toutes trois attaquent l’Etat devant la justice administrative pour le contraindre à organiser chaque année au moins trois séances d’éducation à la sexualité à l’école, comme le prévoit la loi. Le tribunal administratif de Paris sera saisi dès ce jeudi.
D’après le code de l’Education, les élèves des écoles, collèges et lycées doivent bénéficier d’au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité, y compris une sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Dans la pratique, on est toutefois loin du compte, affirment les associations, pour qui ces thématiques «restent délaissées par les autorités publiques». Et ce alors qu’elle sont fondamentales pour faire de la prévention sur les violences sexuelles et contre le harcèlement.
Dégradation des connaissances sur le VIH
Le but «n’est à l’évidence pas réalisé», avait admis en 2021 un rapport de l’Inspection générale de l’Education. Selon un récent sondage Ifop, commandé par les trois associations et réalisé auprès d’un millier de jeunes de 15 à 24 ans, 17 % des personnes interrogées disent n’avoir jamais eu le moindre cours sur la question. Parmi les autres, seul un tiers dit avoir bénéficié des trois séances annuelles prévues.
Pourtant, la non-application de la loi n’est pas sans conséquence, insistent les associations, qui mettent en avant l’augmentation de 33 % des violences sexuelles entre 2020 et 2021. En outre, «depuis des années, on constate une dégradation des connaissances des jeunes sur le VIH», alerte Florence Thune, directrice générale de Sidaction. Pour les associations, seule l’éducation à la sexualité, «dès le plus jeune âge», doit permettre de «s’attaquer à la racine des inégalités et des violences de genre».
Gouvernement «frileux»
En septembre, le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, avait ordonné dans une circulaire le «renforcement» de cette éducation, demandant qu’elle devienne «effective dès cette année scolaire». «Nous devons respecter la loi», avait martelé le ministre.
Pour Lucile Jomat, de SOS Homophobie, le gouvernement est «frileux» sur ce sujet, notamment après la violente polémique autour des «ABCD de l’égalité» en 2014 : ce dispositif visant à promouvoir l’égalité filles-garçons avait dû être abandonné face aux polémiques, ses opposants ayant psychoté sur une présumée «théorie du genre» qui nierait les différences sexuelles, alors qu’elle n’ était pas véhiculée dans ces documents. «Nous ne recherchons pas le contentieux à tout prix», souligne de son côté Sarah Durocher, du Planning familial. «Tout ce qu’on demande, c’est que les séances soient vraiment mises en place.»
SOURCE : liberation.fr