La Thaïlande a franchi mardi une nouvelle étape vers la légalisation du mariage pour tous après que le Sénat a adopté le texte à une large majorité. L’instabilité qui caractérise la vie politique du royaume avait eu raison des précédentes tentatives. Le texte part désormais en commission pour une étude plus détaillée, avant un deuxième puis un troisième vote qui consacreront son adoption par les sénateurs.
Les sénateurs thaïlandais ont adopté mardi 2 avril à une large majorité, en première lecture, les principes du texte légalisant le mariage homosexuel, une législation pionnière en Asie du Sud-Est qui pourrait entrer en vigueur ces prochains mois.
Le projet de loi est désormais envoyé en commission pour une étude plus approfondie, avant un nouveau vote de la Chambre haute.
“S’il vous plaît, puis-je vous faire confiance pour mon futur ?”, a lancé aux parlementaires l’activiste LGBT+ Chanya Rattanathada, durant les débats qui ont duré presque deux heures. “Le monde entier nous regarde”, a-t-elle encore répété avant le vote.
La Chambre haute a entériné à une large majorité son accord sur les grandes lignes du texte autorisant l’union entre deux personnes de même sexe.
Celui-ci part désormais en commission pour une étude plus détaillée, avant un deuxième puis un troisième vote – probablement pas avant juillet – qui consacreront son adoption par les sénateurs.
Après le feu vert obtenu auprès des députés la semaine dernière, le mariage pour tous franchit ainsi une nouvelle étape intermédiaire. Le dernier mot de la procédure législative appartient au roi Maha Vajiralongkorn, qui signe sa promulgation dans le journal officiel.
La Thaïlande pourrait devenir d’ici la fin de l’année le premier pays de la région à autoriser l’union entre deux personnes de même sexe, et le troisième du continent, après Taïwan et le Népal.
Le royaume bouddhique d’Asie du Sud-Est est réputé pour ses valeurs de tolérance, mais des lois jugées conservatrices continuent d’alimenter les discriminations vis-à-vis des couples homosexuels ou des personnes transgenres.
“C’est comme si nous avions reçu notre plus beau cadeau, en douze ans d’engagement pour la légalisation de ma part. Cela a un sens, pas seulement pour les couples LGBT+, mais pour la famille en tant qu’institution”, a réagi l’activiste Ann Waaddao Chumaporn.
L’arrivée du pouvoir, l’été dernier, de Srettha Thavisin, premier civil à occuper le poste de Premier ministre depuis le coup d’État de 2014, a contribué à accélérer la légalisation du mariage pour tous, qui suscite l’adhésion des principaux partis politiques et d’une majorité de la population.
“Foi”
“Nous sommes au-delà de nos attentes. Avec le nouveau gouvernement, c’est allé tellement vite”, s’est réjouie auprès de l’AFP Naiyana Supapung, une militante LGBT+ présente au parlement.
“Maintenant, j’ai foi dans mon pays, sur le fait qu’il puisse enfin changer”, a-t-elle assuré.
La proposition adoptée par les députés vise à modifier les références aux “hommes”, “femmes”, “maris” et “épouses” dans la loi sur le mariage pour les remplacer par des termes non genrés.
Elle doit aussi conférer aux couples homosexuels les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels en matière d’adoption ou d’héritage.
Le Sénat actuel, considéré comme aligné avec les intérêts de l’establishment militaro-royaliste, est composé de 250 membres désignés par les généraux issus du coup d’État de 2014, en vertu d’une provision transitoire de la Constitution entrée en vigueur en 2017.
Le calendrier législatif est rendu incertain par le renouvellement de la Chambre haute qui prendra dans les prochaines semaines ou mois sa forme prévue dans la Constitution. Le nouveau Sénat sera composé de 200 membres issus de groupes sociaux et professionnels, élus par un collège restreint d’électeurs.
C’est la première fois que la légalisation du mariage homosexuel va aussi loin dans le système législatif thaïlandais, après l’échec de précédentes tentatives en raison de l’instabilité chronique de la vie politique locale, entre coups d’État et contestations populaires.
Mais si la Thaïlande s’apprête à autoriser l’union entre personnes du même sexe, la loi n’accorde pas de reconnaissance aux personnes transgenres ou non-binaires qui veulent faire modifier leur genre sur leurs papiers d’identité.
SOURCE : www.france24.com