L’ONG Human Rights Watch alerte sur les violences subies par les LGBT ghanéen.ne.s et encourage le gouvernement à retirer sa vieille loi anti-homosexualité.
Les histoires glaçantes s’enchaînent. Human Rights Watch a récolté plus de cent témoignages de personnes LGBT pour réaliser cette étude de 72 pages intitulée ‘No Choice but to Deny Who I Am’: Violence and Discrimination against LGBT People in Ghana (“Je dois nier qui je suis” : Violence et discrimination contre les personnes LGBT au Ghana).
« Pour la population, être LGBT c’est comme être possédé par un mauvais esprit qui porte malheur », commence une lesbienne. Une autre raconte qu’un message radiodiffusé appelait à son arrestation en reléguant la rumeur que la pénurie d’eau dans le village était due au fait qu’elle était une « sorcière », et qu’elle couchait « avec toutes les filles de la communauté ». Résultat : un groupe d’hommes débarque en pleine nuit et la déshabille pour vérifier son sexe. Ils la traînent dehors et versent de l’essence sur elle à proximité d’un feu de camp : « Tous ceux sur qui je pensais pouvoir compter, ils étaient tous là. Le chef du quartier, le pasteur, des policiers… J’ai compris qu’il n’y avait personne vers qui me tourner ». D’autres encore racontent la privation de nourriture, les agressions à la machette par des membres de la famille, le fait de devoir vivre caché en permanence. Et le réconfort qu’ils et elles trouvent dans la communauté LGBT, qui représente une « famille ».
Contexte favorable ?
L’article 29 du Code pénal, qui date de l’époque coloniale, établit que toute relation sexuelle autre qu’une relation pénis-vagin est un délit. Or Nana Akufo-Addo lui-même, le président du Ghana, avait estimé en décembre 2017 que l’homosexualité pourrait devenir légale si le peuple le réclamait, suscitant un mouvement de protestation de la part des autorités religieuses.
Le rapport de Human Rights Watch constitue un moyen de pression pour exhorter le gouvernement ghanéen à décriminaliser l’homosexualité, à condamner publiquement les violences contre les personnes LGBT et à poursuivre les responsables en justice. L’ONG rappelle que, « à la différence de ses voisins, le Ghana n’a pas pris de mesures ces dernières années pour durcir les sanctions à l’encontre des relations homosexuelles consenties ou pour pénaliser expressément les rapports sexuels entre femmes ».
Photo de couverture : Une jeune femme lesbienne, photographiée dans un centre de soutien à la communauté LGBT à Accra, au Ghana.
- Source TETU