Près de 200 personnes s’ont sont prises à un couple de personnes trans samedi dans le centre de Thessalonique, deuxième ville de Grèce. Dès le lendemain, des milliers de personnes sont descendues dans la rue manifester leur soutien aux victimes.
À l’heure où la Grèce célèbre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, des milliers de personnes ont manifesté ce dimanche 10 mars à Thessalonique, la deuxième ville du pays, pour dénoncer une attaque transphobe impressionnante. La veille, une foule d’environ 200 personnes a poursuivi deux personnes trans place Aristote, en plein cœur de la ville. Les assaillants, vêtus de noir, ont forcé le couple à trouver refuge dans un restaurant. “Les jeunes agresseurs les ont d’abord insultées, puis leur ont lancé des bouteilles, tandis que certains leur crachaient dessus. Les victimes sont entrées dans un restaurant pour se protéger avant que la police n’intervienne”, rapporte le quotidien Ethnos. Pour le moment, une vingtaine de suspects ont été arrêtés.
“Nous condamnons sans équivoque l’attaque vulgaire et homophobe perpétrée au cœur de la ville”, a déclaré dimanche le maire de Thessalonique, Stelios Angeloudis. “L’acceptation est un signe de culture et de démocratie”, a-t-il rappelé, insistant sur la nature “colorée, inclusive et respectueuse de la diversité” de la ville. En juin prochain, Thessalonique doit accueillir l’Europride 2024, qui réunit des milliers de personnes de la communauté pour faire la fête et participer au traditionnel défilé. En réaction à cette agression, les organisateurs de la Pride de la ville ont publié sur Facebook un message affirmant qu’ils ne se laisseraient pas intimider : “Il nous appartient à tous de nous mobiliser et de faire preuve de solidarité, afin de ne pas laisser la peur revenir à Thessalonique ! Nous n’avons pas honte, clament-ils. Nous ne nous cachons pas, nous n’avons pas peur !”
Culture machiste en Grèce
L’agression est intervenue au beau milieu du festival international du film documentaire de Thessalonique, dont la 26e édition met à l’honneur le cinéma LGBTQI+ sous le titre “Citizen Queer”. Les organisateurs se sont rapidement exprimés auprès de Variety : “Le festival condamne explicitement et sans réserve tout acte de violence homophobe et raciste, et envoie un message fort et clair de tolérance, d’inclusion, d’acceptation et de visibilité à travers l’ensemble de ses actions.”
“Les changement on les voit à Athènes, mais le reste de la Grèce est peuplé d’orthodoxes, de gens de droite et de patriarches. La culture machiste est dans leur ADN.”
“Je pensais que certaines choses avaient évolué, mais je me demande maintenant si c’est vraiment le cas”, a déclaré la militante lesbienne et réalisatrice Maria Katsikadakou, plus connue sous le nom de Maria Cyber, qui a participé à l’organisation de “Citizen Queer”. “Les changements, on les voit à Athènes, ajoute-t-elle. Mais le reste de la Grèce est peuplé d’orthodoxes, de gens de droite et de patriarches. La culture machiste est dans leur ADN.”
Même constat pour le réalisateur Fil Ieropoulos, dont le documentaire Avant-Drag ! est à l’affiche du festival : “La société grecque est abusive, estime-t-il. C’est une société qui se nourrit de haine, et ce n’est pas près de changer.” Bien que la Grèce soit le premier pays chrétien orthodoxe à adopter le mariage pour tous, le réalisateur se montre sceptique, indiquant que l’attaque de samedi reflète davantage “la réalité grecque pour les homosexuels”. “Avec ces nouvelles lois, nous sommes à la croisée des chemins et nous allons voir ce que tout cela signifie réellement pour la société grecque dans les prochaines années, détaille-t-il auprès des journalistes de Variety. Personnellement, je ne pense pas que ces lois reflètent la situation de la Grèce en tant que société. Cet événement montre que le fait que certaines personnes puissent bénéficier des nouvelles lois ne change pas la réalité grecque en général, et en particulier pour les personnes transgenres.”
- SOURCE TETU