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 d’ADHEOS

Lors d’un vote ce mardi 1er août, le sénat haïtien a rendu le mariage de deux personnes de même sexe passible de prison, et interdit par-dessus le marché toute "promotion" de l’homosexualité à travers le pays.
 
Les homosexuels haïtiens devront vivre plus cachés que jamais. Le sénat de la République d’Haïti a voté ce mardi 1er août une proposition de loi interdisant le mariage aux couples de même sexe ainsi que toute "promotion" de l’homosexualité à travers le pays. Le texte précise que "les auteurs, co-auteurs et complices" d’un mariage entre deux personnes de même sexe risquent une peine de trois ans de prison ferme et une amende de 500.000 gourdes (environ 7.000 euros).
 
Sur la question du mariage, la nouvelle loi durcit le code civil haïtien qui, en l’état, n’autorise que l’union d’un homme et d’une femme. Et, allant beaucoup plus loin dans l’homophobie officielle, elle bannit carrément "toutes manifestations publiques d’appui à l’homosexualité et de prosélytisme en faveur de tels actes". "Ce texte divise notre société, ça renforce les préjugés et les discriminations, dénonce Charlot Jeudy, président de l’association Kouraj*, qui défend les droits des personnes gays, lesbiennes, bi et trans. On considère ça comme un attentat contre la communauté LGBT dans ce pays". Le 18 juillet, Kouraj avait lancé une pétition pour s’opposer au projet.
 
Prédominance de la religion
 
Pendant les discussions du texte, des sénateurs ont versé dans une homophobie décomplexée. "Il faut empêcher la dépravation de la jeunesse. Il faut empêcher l’abomination dans ce pays", a ainsi lancé à la télévision Carl Murat Cantave, fervent défenseur du texte, qui n’a pas hésité à faire un lien entre l’homosexualité et les catastrophes naturelles qui ravagent régulièrement l’île, en se référant au mythe biblique de Sodome et Gomorrhe. Certains de ses collègues ont suivi, comme Jean-Rigaud Bélizaire, qui a dit vouloir éviter "l’homosexualité envahissante" ou encore Walnique Pierre, se revendiquant pour justifier son vote "homme de Dieu, croyant".
 
Et si la Constitution établit que la République haïtienne est laïque, les arguments religieux avancés pendant la séance de vote n’ont pas choqué le président du Sénat. "Cette prédominance religieuse a agi au niveau de l’assemblée et, quoique l’État est laïc, ce sont des gens qui ont une foi qui sont aujourd’hui en majorité", assume Youri Latortue, arguant en outre : "Quand vous avez un pays, il faut vous attacher à vos valeurs et à vos traditions. A l’étranger, certains le voient différemment mais, en Haïti, c’est comme ça qu’on le voit". En Haïti, 80% de la population est catholique.
 
Le texte stipule qu’en cas d’infraction aux dispositions qu’il prévoit, seules la police et la justice peuvent intervenir. Une précision révélatrice des pressions qui pèsent sur les gays et lesbiennes d’Haïti au sein de toute la société. Mais "cette formulation du texte, c’est de la politique politicienne : ils savent très bien que, de toute façon, ça va apporter beaucoup plus de violences et de préjugés par rapport à la communauté LGBT", dénonce Charlot Jeudy. Seules deux associations LGBT sont reconnues en Haïti, et elles enregistrent quotidiennement des cas d’insultes, de menaces et de violences.
 
Le texte doit désormais être débattu par les députés, à une date qui n’a pas encore été arrêtée.