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 d’ADHEOS

Et si les LGBT se retrouvaient «dans une situation encore pire (au travail) avec le mariage»? C’est avec cette crainte en tête que l’association Homoboulot vient de lancer une nouvelle campagne à destination des entreprises.
 
Homoboulot tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme: pour l’asso de lutte contre les LGBTphobies, il est clair que le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, qui doit être présenté le 31 octobre en Conseil des ministres, ne suffira pas à faire évoluer les mentalités en entreprise. Pour Homoboulot, il est nécessaire que soit effectué un travail de pédagogie pour permettre aux homos de sortir de l’«invisibilité».
 
«C’est toujours avec la même personne que je travaille»
C’est pourquoi l’asso vient de lancer une campagne de communication à destination des entreprises qui, espère-t-elle, permettra aux LGBT d’avoir moins de difficultés à se déclarer. Cette campagne se décline sur huit affiches (visuels ci-dessus). «Qu’il vive avec Béatrice ou Thomas, quelle importance? C’est toujours avec la même personne que je travaille», peut-on par exemple lire sur l’une d’entre elles.
 
L’association souligne que pour faire valoir leurs nouveaux droits en entreprise (congés, mutation, pension de reversion…), «il sera nécessaire que les lesbiennes et les gays mariés se déclarent». Or, deux-tiers des homos ne souhaitent pas ou ont peur de dévoiler leur orientation sexuelle au travail, selon Jérôme Beaugé, le porte-parole d’Homoboulot, qui a rappelé lors d’une conférence de presse aujourd’hui que les premières associations liées à l’homosexualité au travail se sont créées après le pacs «parce que le fait de dévoiler son Pacs dans une entreprise pouvait créer des aspects de discrimination et l’auto-censure s’amplifiait». Selon lui, si «les salariés LGBT se réjouissent d’avoir le choix de se marier, la problématique reste entière sur le fait de se déclarer». Jérôme Beaugé redoute même que gays et lesbiennes se retrouvent «dans une situation encore pire avec le mariage», notamment parce qu’ils auront l’obligation de révéler à leur employeur leur statut matrimonial.
 
Auto-censure des LGBT
Francis Carrier, administrateur d’Homoboulot également présent lors de la conférence de presse de l’asso, a souligné qu’il y avait une «culture d’invisibilité» en entreprise notamment parce que «pour beaucoup d’homos il y a une notion de risque à se déclarer» pour la progression de carrière ou les salaires. Sur ce point, Homoboulot rappelle qu’une étude a notamment montré des écarts de salaire de l’ordre de 5 à 6% pour les hommes homosexuels. «On s’est rendu compte qu’il suffisait d’expliquer ce qu’on vit pour que les gens, nos collègues, nos chefs de service, les ressources humaines prennent conscience de ce qu’est l’auto-censure des LGBT au travail», explique Philippe Chauliaguet, président de l’asso.
 
A noter que Flag!, l’association de défense des policiers et gendarmes LGBT, a annoncé hier que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls venait d’accorder le droit aux congés parentaux aux familles homoparentales de la police et de la gendarmerie (lire article).