Cette semaine, dans Ici Le Monde, focus sur l’Ouganda d’abord. La Cour constitutionnelle a refusé d’abroger la loi de 2023 portant sur la répression de l’homosexualité. Cette loi continue de criminaliser l’homosexualité et “la promotion” de l’homosexualité. Cette décision a des conséquences désastreuses sur la communauté LGBTQIA + en Ouganda, dont l’augmentation du nombre d’agressions. Sira Inchusta Carrillo, coordinatrice orientations sexuelles et identités de genre pour Amnesty international Belgique, nous parle de ces répercussions, et des autres pays où les droits des LGBTQIA + sont bafoués, notamment en Russie mais aussi en Europe.
Ouganda : une loi contre l’homosexualité
L’Ouganda a fait passer une loi en 2023 qui réprime l’homosexualité, une loi votée au parlement à la majorité, et promulguée par le président, Yoweri Museveni. Ce texte vise à maintenir une forme de criminalisation, déjà fort présente dans ce pays d’Afrique de l’Est, de l’homosexualité. La loi, appelée “loi anti-homosexualité 2023“, prévoit aussi la peine de mort en cas “d’homosexualité aggravée”, c’est-à-dire des rapports sexuels entre personnes du même sexe (comme écrit dans la loi), si une des deux personnes est handicapée, ou a moins de 18 ou plus de 75 ans. Cette condamnation de peine de mort n’est cependant plus appliquée en Ouganda depuis de nombreuses années.
Ces conditions restent très larges et sont susceptibles d’être surinterprétées par les autorités, avec objectif de réprimer toutes les pratiques liées à l’homosexualité. Cette législation, votée en mai 2023, a indigné l’Onu et des organisations de défense des droits humains, et entraîné des sanctions américaines envers ce pays d’Afrique de l’Est. Il y a quelques semaines, sur impulsion de militants LGBTQIA +, un recours a été introduit à la Cour constitutionnelle pour supprimer toute cette loi, mais celle-ci a refusé d’abroger cette loi, même si certaines dispositions ont été supprimées.
Et depuis, les homosexuels du pays vivent dans la peur, avec une augmentation de la violence à leur égard, comme l’explique Sira Inchusta Carrillo, coordinatrice orientations sexuelles et identités de genre pour Amnesty International en Belgique francophone : “Il y a non seulement une recrudescence de la violence policière à l’égard de la communauté, mais aussi de la violence sociétale. Avec cette loi, les citoyens et citoyennes sont encouragés à dénoncer leurs voisins s’ils les soupçonnent d’être homosexuels“.
Par ailleurs, la loi prévoit également la fin de la “promotion” de l’homosexualité : il est donc même interdit d’en parler. “Cela a un impact très fort sur la prévention de certaines maladies sexuellement transmissibles. Le VIH, notamment. Et puis, c’est un frein complet à l’information. Les jeunes homosexuels du pays n’ont plus accès aux ressources nécessaires, aux espaces pour se confier“, ajoute Sira Inchusta Carrillo.
L’Ouganda n’est pas le seul pays du continent africain à criminaliser l’homosexualité. En tout, selon les chiffres donnés par Amnesty International, 31 pays ont des lois similaires.
SOURCE : www.rtbf