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 d’ADHEOS

Le tribunal pour enfants de Bastia examinait ce lundi l’appel d’un étudiant accusé d’avoir agressé deux hommes homosexuels. Les faits remontent à septembre 2023. Reconnu coupable en première instance, tout comme deux autres jeunes hommes, il est le seul à avoir choisi de maintenir son appel. Pour les victimes, le procès est aussi un moyen de briser l’omerta autour de cas d’homophobie sur l’île.

Pour Michel*, 43 ans, “l’important, c’était de faire passer le message que nous aussi, les homosexuels, nous avons des droits, n’en déplaisent à certains.” Originaire du continent, il résidait depuis plusieurs années et il y a encore quelques mois à Ajaccio.

Jusqu’à son agression le 30 septembre 2023 par trois mineurs, et le traumatisme qui en a découlé, le poussant à quitter la Corse, ne s’y sentant plus en sécurité. Le quadragénaire en est convaincu : cette attaque avait pour motif sa sexualité. “Ils voulaient taper de l’homo“, résume-t-il.

S’il se dit encore aujourd’hui très affecté par cette affaire, il était impensable pour lui de ne pas assister au procès en appel, tenu ce lundi 24 février devant le tribunal pour enfants de Bastia. Dans ce dossier, ils sont deux, Michel et un autre homme, à se déclarer victimes de guet-apens homophobe, initiés à la suite de rendez-vous donnés via un site de rencontres, Coco.fr, désormais fermé.

Reconnus coupable en première instance

En première instance, les trois accusés, bien que niant les faits, avaient été reconnus coupables par le tribunal pour enfants d’Ajaccio. Tous avaient fait appel de la décision. Mais deux ont entre-temps fait le choix de se désister, reconnaissant de facto leur culpabilité, note Me Philippe Gatti, conseil de Michel. L’avocat regrette que le troisième jeune homme ait, lui, choisi de plaider une incitation à la violence, poussé par ses camarades, sans intention homophobe.

Le fond que ma pensée, c’est que ça me fait peur, indique Me Philippe Gatti. Ça me fait peur, parce que j’ai la trouille de cette jeunesse qui en arrive tout simplement pour satisfaire leur virilisme à attaquer lâchement des gens pour leur orientation sexuelle […]. Les deux autres se sont désistés de leur appel, le dernier est là, dans l’espoir, j’espère vain, de se voir exonérer de la circonstance aggravante qu’est l’agression homophobe. J’ai bien compris la stratégie, la justice tranchera.

Présent également en qualité de représentant de la section corse de la Ligue des droits de l’homme, l’avocat rappelle que l’association s’intéresse particulièrement, de par ses statuts, à toutes les minorités et aux affaires d’homophobie. “Aujourd’hui, ces deux victimes de guet-apens homophobe sont présentes. Mais qu’il y en ait eu trois, quatre ou cinq avant, on ne sait pas et personne ne pourra le savoir. C’est une pratique qui doit être connue par les gens qui en sont victimes et qui doivent à ce moment-là entendre ce que la Ligue des droits de l’homme et ce que les avocats ont à dire : nous sommes là pour vous.

Michel, la victime, explique espérer une “sanction exemplaire“. Le jeune homme accusé dans ce dossier, désormais étudiant majeur, et sa défense, assurée par Me Anna-Maria Sollacaro et Me Barbara Aievola, n’ont pas souhaité faire de commentaires.

Le jugement a été mis en délibéré au 24 mars.

Source : france3-regions.francetvinfo.fr