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 d’ADHEOS

 Jean-Pierre Tolochard et Guy Narbey se connaissent depuis trente-huit ans. Le couple est pacsé. Dans quelques semaines, ils vont se dire oui. Acte militant ? Bien plus !
 
Dans quelques semaines, Guy Narbey et Jean-Pierre Tolochard seront mariés. Un événement pour le couple, mais aussi pour tous leurs amis. « Nos connaissances prennent la nouvelle super-bien. Ils veulent tous être de la fête. »
 
Et la fête promet d’être belle. Car les deux futurs mariés ont une histoire. Histoire personnelle, puisqu’ils se connaissent depuis trente-huit ans. S’engager par les liens du mariage leur permet « de se protéger l’un l’autre », explique Guy. Oui, les deux sont pacsés. « Mais le Pacs n’empêche pas, par exemple, que si l’un des deux décède, l’autre doive quitter l’appartement dans l’année. C’est aussi ça l’inégalité des droits. » Pour eux, le mariage gay, c’est avant tout une histoire d’égalité des droits.
 
Impliqués dans la vie tourangelle
 
Leur mariage, c’est donc l’aboutissement d’une affaire personnelle, mais aussi d’un engagement militant. Les deux hommes sont effectivement très connus à Tours. Au milieu des années 70, ils ont ouvert un restaurant place des Petites-Boucheries. « Nous n’y connaissions rien, nous avions arrêté nos études, et c’était l’époque où certains partaient élever des chèvres, d’autres ouvraient des restos. C’était déjà une sorte d’économie sociale », sourient les futurs mariés. En 1988, ils laissent le restaurant pour ouvrir, dans le Vieux-Tours, « le Café », véritable institution. L’aventure durera vingt ans. « Moi, j’ai lâché en 1995, précise Jean-Pierre Tolochard, pour rejoindre l’équipe de Jean Germain. » Pendant deux mandats, il sera l’adjoint à la culture de la ville de Tours.
Depuis les années 70, les amoureux sont engagés et militent pour les droits des homosexuels. « Nous avons été des premiers sur Tours, avec le Groupe de libération homosexuelle, reprend Jean-Pierre. Ne rigolez pas. A l’époque, la loi était très dure envers les gays. C’était une association nationale. A Tours, nous avons créé le Comité d’urgence anti-répression homosexuelle, le Cuardh. » Les relations avec la municipalité d’alors n’étaient pas simples : « Bizarrement, il n’y avait jamais possibilité pour nous de réserver des salles, reprennent les deux hommes en chœur. On a souvent entendu qu’un couple, c’était un homme et une femme. Quand nous avons entendu les mêmes phrases voilà quelques mois lors des débats sur la loi et toutes les horreurs qui ont été dites, cela nous a ramenés des années en arrière. »
 
" Envoyer un message "
 
Se marier aujourd’hui, c’est donc un acte militant, presque un symbole. « Puisqu’à présent, nous pouvons le faire, nous le faisons. C’est tout. C’est aussi une façon d’envoyer un message aux gens en détresse, qui sont obligés de se cacher parce que dans leur famille ils ne peuvent pas avouer leur homosexualité. Il y a de l’espoir. Pour tous. »
En attendant le grand jour, Guy et Jean-Pierre pensent plus ou moins à l’organisation. « On a demandé à Nicolas Gautreau (NDLR : adjoint au maire de Tours chargé des travaux sur l’espace public urbain) de nous marier. On le connaît depuis qu’il a 20 ans. Il a dit oui tout de suite. » Et les invitations ? « Bon, là, sourit le couple, nous ne sommes pas trop au point. Nous n’avons pas encore établi de liste d’invités. De toute façon, il n’y aura pas de cartons. On ne fait pas vraiment ça dans les règles. Nous, on veut de l’émotion, mais surtout pas d’angoisse. » 
  • Source NR