Le parquet a requis mercredi deux et trois mois de prison avec sursis contre un homme et une femme poursuivis pour des tweets homophobes à l’encontre de l’adjoint au logement de la maire de Paris, Ian Brossat (PCF).
L’élu avait porté plainte après avoir été visé par des tweets orduriers sous pseudonymes en 2015. Les comptes de ces utilisateurs ont été clôturés par Twitter.
Seul l’un des prévenus, qui travaillait à l’époque dans le secteur bancaire et qui vit aujourd’hui du RSA après presque un an de chômage, s’est présenté devant le tribunal correctionnel de Paris.
A la barre, cet homme de 36 ans, vêtu d’un costume, plaide "l’immaturité et la bêtise". "Mal réveillé" le matin de son tweet, il voulait, dit-il, s’en prendre à la politique de la ville, au moment de l’inauguration de HLM dans le très huppé XVIe arrondissement de Paris. Et concède face à l’évidence que son tweet n’avait "aucun rapport". "J’ai écrit ça sans réfléchir", dit-il, "je ne suis pas homophobe, je n’ai jamais eu de problème avec ça". Mais il n’a pas d’amis homosexuels.
Le prévenu avait par ailleurs fait l’objet d’une procédure pour injure à l’encontre de l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, qui s’est soldée par un stage de citoyenneté au Mémorial de la Shoah. "Du coup, j’ai compris la bêtise de mes propos." "Il vous fallait ça?" demande la présidente – Non, pas du tout."
Sa coprévenue, ni présente ni représentée par un avocat, avait expliqué qu’elle avait voulu "faire réagir" Ian Brossat qui, à ses yeux, se comporte de "manière très arrogante". Elle avait dit n’avoir pas mesuré la portée de ses propos derrière son écran. Depuis les faits, elle a été condamnée dans d’autres affaires, notamment à de la prison ferme, pour menaces de mort et appels malveillants réitérés.
"Habitué au débat politique", Ian Brossat a estimé que, dans cette affaire, "toutes les limites ont été franchies". Face à de telles attaques, "beaucoup d’autres gens encaissent sans réagir", et, s’il a porté plainte, "c’est aussi pour leur donner le courage de le faire à leur tour".
Quant aux excuses du prévenu, elles sont pour lui loin d’être "authentiques". Le procureur a le même sentiment, veut croire en la "vertu pédagogique" de l’audience, dénonce ces tweets qui blessent ceux qu’ils visent et blessent aussi le "pacte social".
L’avocate de la défense a plaidé la clémence. Elle a insisté sur la totale "immaturité" de son client, "légèrement simplet", qui a "chaviré" en pleine dépression, évoquant sa "honte de ce qu’il a fait". Jugement le 22 février.
- SOURCE E LLICO