Le 5 février dernier, dans l’avion qui le ramenait à Rome de son pèlerinage en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, pays qui punissent l’homosexualité, le Pape les enjoignait à abroger leurs réglementations, regrettant par ailleurs le soutien de certains prêtres à l’adoption de de telles lois.
C’est en effet le cas dans la plupart des épiscopats africains, notamment au Ghana ou plus récemment en Ouganda, pays très religieux, où des religieux ont été invités à l’élaboration d’un projet de loi criminalisant davantage la pratique et la promotion de l’homosexualité.
La volonté inédite de pontife, rappelant que la condamnation ou criminalisation des personnes homosexuelles « est une injustice inadmissible, et un péché ! » ne semble donc pas faire l’unanimité en Afrique où l’homosexualité reste une infraction dans 32 des 54 pays. Difficile désormais de s’abriter derrière ses convictions religieuses, catholiques ou chrétiennes plus généralement, pour justifier son homophobie.
« L’opinion du pape, ce n’est pas le magistère », tacle ainsi un haut responsable de l’Église sur le continent, cité par La Croix, qui ne s’estime donc aucunement lié par les mots de François.
Le père Loïc Mben, jésuite camerounais, enseignant de morale et de bioéthique à l’Institut théologique de la Compagnie de Jésus (Itcj), à Abidjan, est une rare voix de l’Église catholique africaine à juger que « le changement d’attitude de l’Église vis-à-vis des personnes homosexuelles est quelque chose de positif ». « Ce n’est pas parce qu’on emprisonnera des gays ou des lesbiennes qu’on résoudra les problèmes de pauvreté, corruption, népotisme, insécurité et mauvaise gouvernance qui gangrènent nos pays », poursuit-il.
Mais la communauté LGBT+ africaine ne se fait donc « pas d’illusion ». « Le pape a fait une ébauche sur le sujet, mais même s’il s’agit d’une personne influente, le changement d’opinion, même au niveau de l’Église, ce n’est pas pour maintenant. Dans leurs homélies, des prêtres nous fustigent », insiste un membre d’un groupe de prière à dévotion mariale et qui participe « tous les matins » à la messe.
Une analyse Yves Koné, conseiller juridique, laïc et formateur en résolution des conflits familiaux en Côte d’Ivoire partage. « Sur ces questions, les États africains ont l’habitude de suivre l’opinion des populations qui sont en grande majorité contre l’évolution des droits des homosexuelles ». Et si certains pays ont changé leur législation ces dernières années, c’est essentiellement « en raison de l’appât du gain, d’investissements et de dons de la part des Occidentaux, plutôt que par une modification véritable des comportements des citoyens sur la question. »
L’histoire de la science n’est pas l’histoire des mentalités… L’attitude de très nombreux chrétiens à l’égard des personnes homosexuelles est scandaleuse. Comment les aider à comprendre que l’homophobie est un crime ? Toute ma solidarité à l’égard des LGBT qui … https://t.co/d08oUZTJJ6
SOURCE : stophomophobie.com