Le président nigérian Goodluck Jonathan a promulgué une loi interdisant explicitement les unions entre personnes de même sexe et restreignant les droits des homosexuels, a affirmé Reuben Abati, son porte-parole, lundi 13 janvier.
La loi, adoptée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en mai dernier, prévoit une peine de 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d’emprisonnement pour les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.
Elle été approuvée par le président parce qu’elle « correspond aux croyances culturelles et religieuses » des Nigérians, dont « plus de 90 % (…) sont opposés au mariage entre personnes de même sexe », a fait valoir M. Abati. Depuis 2006, deux lois similaires avaient été proposées mais n’avaient pas franchi l’étape du Parlement dans le pays le plus peuplé d’Afrique où la sodomie était déjà punie de prison.
Le texte prévoit également que :
« Toute personne qui fait fonctionner ou participe à des clubs gays, des sociétés ou des organisations pour homosexuels, ou – directement ou indirectement – affiche publiquement sa relation amoureuse avec une personne de même sexe, commet un crime et encourt une peine de dix années d’emprisonnement ».
« DISCRIMINATOIRE »
En décembre, Amnesty International avait appelé le président Jonathan à rejeter cette loi, considérée par l’ONG comme « discriminatoire » et dont les conséquences sont « catastrophiques » pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre. Selon cette loi, « les personnes de même sexe qui se lient par un mariage ou un contrat d’union civile commettent un délit et peuvent être conjointement condamnées à une peine de quatorze ans de prison chacune ».
David Cameron, le premier ministre britannique, avait averti que son pays envisageait de restreindre les aides aux pays qui ne reconnaissent pas les droits des homosexuels. Un projet de loi similaire en Ouganda a été vivement condamné par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis notamment. Le Nigeria apparaît cependant moins enclin à céder aux pressions des gouvernements occidentaux, le premier producteur de pétrole africain recevant moins d’aides financières de ces pays.
Les relations homosexuelles sont déjà sévèrement réprimées au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, dont la société est très religieuse. Les quelque 170 millions de Nigérians sont principalement chrétiens ou musulmans, et une part importante de la population continue à suivre les cultes traditionnels.
- Source Le Monde