Le porte-parole de l’Inter LGBT (qui regroupe 60 associations), Nicolas Gougain, entend «sensibiliser les candidats sur ce problème lors des prochaines élections cantonales». «Les conseils généraux gèrent des maisons de retraites, il faut sensibiliser les élus au problème de l’égalité réelle qui doit se penser pendant toutes les périodes de la vie», dit-il.
C’est un problème qui va forcément devenir de plus en plus pressant: le manque de maisons de retraites sensibilisées à la clientèle gay et lesbienne.
Les homosexuels français ont beau frapper à toutes les portes, ils sont toujours à la recherche de la première maison de retraite «gay friendly» en France, comme il en existe beaucoup aux Etats-Unis, ainsi qu’en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique.
«La génération des personnes homosexuelles arrivant à l’âge de la retraite est la première qui a pu vivre, durant sa vie active, son homosexualité de façon ouverte et elle n’entend pas changer d’attitude en arrêtant de travailler», argumente Philippe Coupé, président de l’association l’Autre cercle Ile-de-France.
2 millions de retraités LGBT dans 10 ans
Dans dix ans, la France comptera 20 millions de retraités, parmi lesquels 8 à 9% d’homosexuels, soit entre 1,5 à 2 millions de personnes, selon des estimations de l’Inter-LGBT. Il existe environ 10.000 maisons de retraite dans l’Hexagone.
«Personne n’a pris en compte en France cette problématique retraite», souligne M. Coupé, notant la différence avec le secteur du tourisme qui avait par exemple réservé un espace gay et lesbien lors du Mondial du tourisme (MAP) à Paris en mars dernier.
Pas de réponse
«On a donc beaucoup cherché, notamment en Ile-de-France, on a écrit aux principales associations de maison de retraite, la FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées) et l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) et on n’a pas eu de réponse», dénonce M. Coupé.
«On ne souhaite pas des maisons de retraites réservés uniquement à la communauté gay, comme cela existe en Amérique – bien que nous ne soyons pas opposés à ce concept – mais on souhaite une sensibilisation des personnels au fait que des personnes du même sexe partagent la même chambre, qu’il soient sensibilisés aux problèmes de santé touchant notamment les gays, comme le sida», poursuit ce responsable.
«Ghetto supplémentaire»
Interrogé par l’AFP, la directrice de la FNADEPA Françoise Toursiere a répondu «ne pas connaître de maison de retraite ad hoc» et se demande s’«il faut créer un ghetto supplémentaire».
A l’AD-PA, Pascal Champvert explique: «On se bat quotidiennement contre la discrimination par l’âge et on est naturellement sensible à l’homophobie. Nous rappelons souvent à nos personnels et à nos résidents l’article 13 du Traité d’Amsterdam qui condamne toutes les discriminations par l’âge, le racisme, l’homophobie, le handicap». Il a reconnu ne pas avoir répondu au courrier de l’Autre cercle, mais se dit «prêt à les rencontrer».
Sensibiiser les Conseils généraux