Voilà qui va défriser les opposants à l’homoparentalité: une étude menée sur 25 ans et publiée par la très sérieuse revue américaine Pediatrics (téléchargeable sur le site de la revue) montre que les enfants élevés par des mères lesbiennes, en couples ou célibataires, vont plutôt mieux que les autres.
Jusqu’ici, la plupart des études avaient conclu que les enfants élevés dans des familles homoparentales ne montraient pas de différence significative avec les autres. Le résultat de la « National Longitudinal Lesbian Family Study » (NLLFS) étonne même ses auteures, Nanette Gartrell et Henny Bos: « Nous ne nous attendions pas à trouver qu’ils allaient « mieux, nous nous attendions à trouver qu’ils allaient « aussi bien »", a expliqué Nanette Gartrell à Medpage Today, un site d’information à destination des médecins.
FAMILLES LESBIENNES « PLANIFIÉES »
L’étude menée auprès d’enfants né-e-s de mères lesbiennes et conçu-e-s par insémination artificielle portait sur quatre axes principaux: l’adaptation psychologique, les relations des enfants avec leurs pairs, les relations familiales et l’école. De 1986 à 1992, 154 mères en devenir de Boston, Washington et San Francisco ont accepté de participer à cette recherche, qui consistait à suivre des familles lesbiennes « planifiées » (par opposition à des familles dont les enfants seraient nés dans un contexte hétérosexuel avant le coming-out de la mère) de la conception de l’enfant jusqu’à ce qu’il ou elle atteigne l’âge adulte, soit 84 familles (70 mères biologiques, 70 mères sociales et 14 mères célibataires). À ce jour, 78 enfants ont été suivis, et des données ont été récoltées directement auprès d’eux, par des questionnaires et des entretiens, lorsqu’ils avaient 10 ans puis 17 ans, ainsi qu’auprès de leurs mères au fur et à mesure, en 5 étapes.
Les données ont ensuite été comparées à celles recueillies auprès d’un échantillon de jeunes Américains dans le cadre d’une autre étude (l’étude Achenbach): « Les analyses comparatives ont démontré que les filles et les garçons de 17 ans de la NLLFS obtenaient des résultats sensiblement meilleurs dans les rapports sociaux, les résultats scolaires et les compétences générales et sensiblement plus bas en ce qui concerne les comportements agressifs et de violation des règles ». Les résultats sont similaires selon que les enfants soient né-e-s de donneurs connus ou non, et que les mères soient toujours en couples ou séparées.
« INVESTIES DANS L’ÉDUCATION DES ENFANTS »
« Ces résultats peuvent en partie être expliqués par le fait que les mères qui ont participé à l’étude se sont engagées avant même la naissance de l’enfant et se sont activement investies dans l’éducation des enfants », indiquent les chercheurs qui soulignent le rôle des méthodes éducatives des mères lesbiennes (plus de communication orale, moins de fessées, un réel partage de l’autorité parentale lors des séparations etc.). Les enfants « ne sont pas nés par accident, remarque Nanette Gartrell, citée par CNN. Les mères étaient plus âgées (…), elles attendaient le bon moment pour avoir un enfant et avec l’âge viennent la maturité et une meilleure éducation des enfants ».
Les auteurs de l’étude en indiquent également les limites: l’échantillon n’a pas été choisi au hasard (à l’époque du lancement de l’étude, la population ciblée était très peu visible) et il n’y a pas eu de comparaison des données de la NLLFS et de l’échantillon Achenbach en termes d’origine ethnique ou géographique.
Les résultats obtenus par les chercheurs ont évidemment déplu aux associations opposées aux droits LGBT, notamment à Concerned Women for America, dont la présidente, Wendy Wright, est convaincue qu’ils ont été tournés de façon à donner raison aux militants LGBT, puisque la recherche a été en partie subventionnée par des fondations homos. D’autres s’inquiètent de ce que ces résultats puissent être interprétés comme indiquant l’inadéquation des hommes pour élever des enfants et ainsi être utilisés contre l’homoparentalité masculine.