«Trop c’est trop!» L’annonce par le gouvernement du dépôt d’une loi «famille» et la mort annoncée de l’amendement PMA qui en découle restent en travers de la gorge de Nathalie Mestre et d’Amantine Revol, respectivement présidente et vice-présidente des Enfants d’arc-en-ciel.
«Avant de faire apparaître, disparaître puis réapparaître, les questions de filiation, de PMA… dans le projet de loi initial, posez-vous la question des conséquences sur les familles, les personnes, les enfants! s’exclament-elles dans une lettre ouverte au Président de la République, aux ministres, aux parlementaires et aux citoyen-ne-s francais-es. Beaucoup d’entre nous n’avaient jamais, jusqu’à présent, vécu d’homophobie… Aujourd’hui, l’ultra-visibilité des opposants, leurs mensonges non démentis officiellement, le manque d’une condamnation ferme et forte ou des interventions trop tardives, de la part de tous, accentuent l’homophobie. Nos enfants, nos familles le vivent au quotidien: pas de trêve des confiseurs, les fêtes de fin d’année se sont transformées en tribunaux de l’inquisition!»
«Pour le bien-être de tous, pour les droits humains, pour les familles homoparentales comme hétéroparentales, il est de notre devoir à tous de faire cesser un mensonge juridique fondé non seulement sur la biologie, mais aussi sur l’acte sexuel, et de rétablir l’égalité entre toutes les personnes!, poursuivent-elles. Car, au passage, ce ne sont pas seulement les homosexuels qui sont insultés, discriminés…, ce sont toutes ces familles adoptantes, monoparentales, recomposées et ayant eu des enfants par procréation médicalement assistée… Il est de notre devoir de faire entendre que nous ne voulons pas d’un pays qui légitime les discriminations et l’homophobie. Il est de votre devoir de légiférer, dès à présent, dans le respect de tous, tant sur l’accès à la parentalité que sur la parenté, pour que toutes les familles, tous les enfants, tous les couples trouvent leur place dans notre société.»
«Aujourd’hui, vous avez la possibilité de faire avancer une société toute entière. Aujourd’hui… et non lors d’une seconde loi aux contours étrangement flous et lors d’un hypothétique lendemain… Engagez-vous et ne faites pas faire à la France un bond en arrière de 30 ans!», concluent-elles.
«LES HONTEUSES»
Samedi, ce sont les parlementaires EELV Esther Benbassa, Sergio Coronado et Noël Mamère qui sont monté-e-s au créneau, accusant le gouvernement de «jouer les honteuses». «Rarement un gouvernement aura autant louvoyé sur un projet de loi dont il avait pris l’engagement, indiquait leur communiqué. Ni le Président de la République ni le Premier ministre ne semblent prêts à assumer ce qui devrait être une avancée pour l’égalité. L’opposition farouche du gouvernement à l’accès à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes le conduit aujourd’hui à faire des annonces précipitées et des promesses de Gascon.» Les trois élu-e-s, qui ont déposé des propositions de loi sur le mariage et l’homoparentalité réaffirment leur intention de soutenir, notamment, la PMA lors de l’examen du projet de loi ouvrant le mariage
Pour sa part, sur BFMTV hier, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole deu gouvernement, a estimé qu’il appartiendrait aux parlementaires de décider s’ils/elles préfèrent intégrer la PMA au projet de loi «mariage» ou au projet «famille». «ils auront vraiment la possibilité de sélectionner le meilleur véhicule législatif», a-t-elle affirmé.
LOI «FOURRE-TOUT»
L’Inter-LGBT, enfin, «craint une loi “fourre-tout” qui ne serait qu’une façon déguisée de renoncer à certains des engagements du Président de la République, dont celui de l’ouverture de l’accès à la PMA pour les couples de femmes. Elle s’interroge sur la présence dans ce texte de sujets importants mais pour autant très divers et sans liens directs entre eux. Elle s’inquiète notamment de l’inclusion, telle qu’évoquée par Dominique Bertinotti auprès de l’AFP, de la question de l’accès aux origines qui nécessiterait de rouvrir les discussions sur les lois bioéthiques – et qui repousserait pour encore de nombreux mois l’adoption de l’ensemble des mesures du projet de loi. L’Inter-LGBT ne comprend pas en quoi l’homoparentalité relancerait le débat sur une question qui concerne déjà – depuis des années – les couples hétérosexuels faisant appel à une PMA avec don de sperme.» Elle conclut son communiqué en appelant à la mobilisation le 27 janvier lors de la grande manifestation nationale pour l’égalité à Paris «pour rappeler l’ensemble des engagements en matière d’égalité des droits, pour soutenir l’ensemble des élu-e-s qui œuvrent en ce sens et les inviter à saisir cette opportunité unique d’enfin mettre fin aux injustices et aux discriminations que vivent depuis trop longtemps les couples de même sexe et les milliers d’enfants vivant au sein des familles homoparentales».
- Source YAGG