Ce texte prévoit, notamment, la peine de mort pour les cas "d’homosexualité aggravée", c’est-à-dire en cas de récidive ou de contamination par le VIH.
L’Ouganda a annoncé, lundi 12 novembre, sa volonté d’adopter d’ici la fin de l’année 2012 une loi homophobe prévoyant, notamment, la peine de mort pour certains cas d’actes homosexuels.
Cela fait maintenant plus de trois ans que ce projet de loi est discuté par les parlementaires ougandais. Il avait en effet été introduit en 2009 par le député David Bahati sous prétexte de protéger les enfants ougandais "recrutés", selon lui, par de riches homosexuels occidentaux.
La peine de mort ou "l’homosexualité aggravée"
La sodomie étant déjà une peine passible de 14 ans de prisons, le texte prévoit de créer une infraction "d’homosexualité aggravée", sanctionnée de la peine capitale, pour les actes commis par un récidiviste, une personne représentant l’autorité, une personne atteinte du virus du Sida ou encore toxicomane. L’infraction d’homosexualité "simple" est, elle, punie par une peine de prison à vie. Elle vise non seulement les personnes ayant des rapports sexuels, mais également celles vivant une relation seulement amoureuse.
Le dépôt de ce projet de loi avait bien entendu déclenché un tollé dans le monde entier, Barack Obama qualifiant ce texte "d’odieux". Et le texte avait finalement été enterré après que plusieurs pays, dont la Grande Bretagne et le Canada, aient menacé de supprimer leur aide financière au pays. Mais, les groupes homophobes, qui depuis n’ont cessé de demander la reprogrammation du projet, semblent avoir eu finalement plus de poids que la communauté nationale.
Accueillie en héros
A la fin du mois d’octobre, après un sommet inter-parlementaire organisé au Québec et où la question dela "loi anti-gay" a été abordée, la présidente du Parlement ougandais, Rebecca Kadaga, a annoncé la re-programmation du texte tout en critiquant vivement les pressions exercées par les pays occidentaux. A son retour en Ouganda, Rebecca Kadaga a été reçue comme un héros par la foule qui l’attendait à l’aéroport Entebbe.
L’annonce de la relance du projet semble en tous cas bénéficier d’un soutien certain au sein de la population ougandaise où l’homophobie est largement partagée. La question a été par exemple largement abordée lors d’un meeting qui se tenait lundi dans la capitale Kampala. A cette occasion, des parents et des écoliers ont défilé devant Rebecca Kadaga en brandissant des pancartes qualifiant l’homosexualité "d’abomination".
Un "cadeau de Noël"
Selon l’Associated Press qui couvrait la réunion, des religieux catholiques auraient également demandé à la présidente du Parlement de leur offrir l’adoption de la loi "en cadeau de Noël". Une demande à laquelle Rebecca Kadaga a répondu par l’affirmative, avant de confirmer à l’AP que le "projet de loi anti-gay" sera bien voté avant la fin de l’année 2012.
Cette annonce a pour l’instant suscité peu de réactions internationales, hormis celle d’un groupe se réclamant des Anonymous qui a posté une menace appelant à s’attaquer, en ligne, à une liste de responsables ougandais. Au mois d’août dernier, plusieurs sites gouvernementaux avaient déjà été la cible d’une attaque, revendiquée par les Anonymous.
- source Nouvel OBS