Face aux conservatismes et à l’atonie politique, c’est le moment pour les militant-e-s LGBT de passer de la colère à l’offensive. La mandature se termine en 2017 : il nous reste deux ans et demi pour nous relever et tout mettre en œuvre pour faire avancer l’égalité de façon constructive et pragmatique.
- Marié-e-s, mais toujours discriminé-e-s
Une amertume et une certaine colère se sont installées chez les acteurs-trices LGBT alors que la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe fête ses presque 18 mois d’existence. Si nous sommes collectivement heureux-ses de cette avancée, force est de constater que le compte n’y est pas en matière d’égalité.
Le gouvernement nous a fait comprendre qu’il a assez écouté nos revendications pour le moment et que, sous prétexte « d’apaisement », l’heure n’est plus à la concrétisation de la promesse de campagne de François Hollande concernant l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. La majorité n’avance pas sur l’essentiel : la reconnaissance de l’homoparentalité et des parentalités dans leur pluralité. La pleine protection de toutes les familles, de tous les enfants et la mise en place d’un vrai changement d’état civil libre et gratuit pour faciliter la vie quotidienne des personnes trans, semblent également avoir disparu des écrans-radars.
Les mouvements conservateurs et obscurantistes se radicalisent, affichent leur puissance, notamment financière, et leur capacité de nuisance. Leurs positions sont minoritaires, et pourtant, ils arrivent à se faire craindre des pouvoirs publics (retrait de la PMA, arrêt des ABCD de l’égalité, report de la loi famille…). Le 5 octobre, ils manifesteront encore dans les rues de Paris, s’emparant de tous les débats.
Les actes et violences homophobes et transphobes ont, quant à eux, explosé en 2013 comme le montre le dernier rapport de SOS Homophobie. Ce climat délétère a un impact direct sur le bien-être de tous, en particulier des jeunes, et sur les comportements à risques.
- Refusons le fatalisme. Notre colère doit être constructive !
Nous sommes militant-e-s actif-ve-s des luttes LGBT ou en sommes proches. Nous avons également été impliqué-e-s dans des démarches inter associatives. Nous avons œuvré et œuvrons au quotidien, dans les grandes comme dans les petites villes, dans les territoires péri-urbains, dans les territoires ruraux pour fédérer les forces progressistes, accompagner les personnes LGBT et leurs proches, promouvoir le respect, l’égalité et le vivre-ensemble. Avec beaucoup de bonne volonté, d’espoir et souvent, avec peu de moyens financiers.
Nous avons manifesté pour soutenir le projet de loi d’ouverture du mariage et de l’adoption, au cours de ces débats qui ont laissé des traces et des blessures. Le mouvement LGBT constitue, nous en sommes conscients, un puissant et riche mouvement social mobilisateur.
Nous sommes lucides, responsables et tourné-e-s vers l’avenir. Et même si certains esprits peuvent évoluer au-delà des clivages partisans, nous savons que la droite et la gauche, ce n’est pas pareil. L’égalité est aujourd’hui bloquée au milieu du gué et ce gouvernement nous laisse sur notre faim. Malgré cela, nous savons pertinemment qu’une majorité de droite n’aurait pas voté l’ouverture du mariage et de l’adoption sous cette mandature. Nous savons également qu’une majorité de Français, de gauche comme de droite, se déclarent pour le maintien de la loi ouvrant le mariage et l’adoption à tous les couples.
Arrêtons d’attendre que les autres agissent à notre place. Ne restons pas spectateurs et commentateurs de débats qui concernent nos existences, nos corps, nos familles. Conscient-e-s de la longue marche que constitue l’égalité des droits, nous refusons de nous laisser aller au défaitisme. Nous avons de l’énergie, de la volonté et de l’enthousiasme pour donner un débouché positif à notre colère !
- Un manifeste et des priorités pour les trois ans à venir
Toutes et tous, nous nous fédérons autour d’un manifeste et nous fixons trois grandes priorités qui seront notre feuille de route commune :
Travailler au plus près avec les parlementaires et mener plus que jamais auprès d’eux et d’elles notre mission d’information et d’influence. Soyons aux côtés des femmes et hommes politiques qui continuent, sans relâche, à œuvrer notamment pour la pleine reconnaissance juridique de toutes les familles et pour faciliter la vie quotidienne des personnes trans. De notre travail de conviction dépendra leur prise de conscience de l’énergie des forces de progrès et leur capacité à proposer d’eux mêmes amendements et projets de loi
Localement, valoriser et amplifier les initiatives pour protéger, informer, accompagner au mieux les personnes LGBT, les aider à sortir de l’isolement et favoriser leur inclusion sociale et leur bien-être. La solidarité communautaire doit être plus que jamais vivante face à celles et ceux qui souhaiteraient nous voir retourner dans le placard
Amplifier la solidarité entre l’ensemble des acteurs du mouvement LGBT : parlons nous, aidons nous, fédérons nous, innovons et partageons nos outils ! Le militantisme LGBT doit savoir évoluer dans ses formes et son organisation pour faire face aux nouveaux enjeux et gagner en visibilité et en puissance. Nous devons continuer à décloisonner les combats et développer les relations avec les organisations progressistes (partis, associations, syndicats, entreprises engagées…) qui sont nos alliés dans la construction du mieux vivre ensemble.
Nous ne nous résignerons jamais face à l’obscurantisme. Envers et contre tout, nous sommes des humanistes, et nous osons croire aux idées d’égalité, de progrès et de respect.
La mandature s’achèvera en 2017. Il nous reste donc deux ans et demi pour relever la tête, occuper le terrain et mener cette offensive. Fièr-e-s et debouts !
- signataires :
Christine Nicolas, présidente de Rainbow Brest (Bretagne)
Erwann Le Hô, ancien président du CGLBT de Rennes, militant au Centre LGBT Côte d’Azur
Pierre-Yves Bastard, président de And Braiz (Lannion – Bretagne)
Samir Tine, président d’Homogène (Le Mans – Pays de la Loire)
LGP Lyon (Rhônes Alpes)
La Gom 53 (Laval – Pays de la Loire)
Nicolas Noguier, président de l’association nationale Le Refuge
Mehdi Aifa, Président de l’Amicale des Jeunes du Refuge
Benat Gachen, président de Les Bascos (Bayonne – Aquitaine)
Orn’en Ciel (Alençon – Basse Normandie)
Centre LGBT de Strasbourg – La Station (Strasbourg – Alsace)
Acceptess-T (Paris – Ile-de-France)
Association Nationale Transgenre ANT (association nationale)
Vincent Sangnier, président-fondateur de Handicaps et Homosexualités A2H (Haute-Normandie )
Romain Hecquet, président de Artogalion (Arras – Nord-Pas-de-Calais)
Centre LGBT de Touraine (Tours – Centre)
Multigenres 56 (Lorient – Bretagne)
ADHEOS, Centre LGBT Poitou-Charentes (Poitou-Charentes)
Centre LGBT Côte d’Azur (Nice – PACA)
Association Gay et Lesbienne Azuréenne d’Expression – Pink Parade (Nice – PACA)
Traits d’Union – Centre LGBT de l’Yonne (Auxerre – Bourgogne)
Lionel Varlot, président du Comité pour la Reconnaissance Sociale des Homosexuel-le-s – CRSH (Lille – Nord-Pas-de-Calais)
Nouvel Esprit, association lesbienne, gay, bisexuel, et transgenre de Franche Comté (Besançon – Franche-Comté)
Agile (Clermont-Ferrand – Auvergne)
Pas Sage à Gays (Limousin)
LGBT 66 (Perpignan – Languedoc-Roussillon)
GAGL 45 – Centre LGBT Orléans (Centre)
Imp’Act – association des diversités landaises (Landes- Aquitaine)
Exaequo (Reims – Champagne Ardennes)
SOS Homophobie Alpes-Maritimes (Nice – PACA)
Jimmy Rigot, président de Arc en Ciel Dunkerquois (Dunkerque – Nord-Pas-de-Calais)
SIS animation Paca Est (Nice – PACA)
SIS animation Bretagne
SIS animation Grand Est
ENIPSE Alpes-Maritimes (Nice – PACA)
OUT’rageantEs (Niort – Poitou-Charentes)
AIDES PACA (PACA)
Centre LGBT de Vendée (La Roche sur Yon – Pays de la Loire)
AC Sida (Nice – PACA)
En Tous Genres (Poitiers – Poitou-Charentes)
OSED (Carpentras – PACA)
Contact Alpes-Maritimes (Nice – PACA)
Flash Our True Colors ( Amiens – Picardie)
Alertes (Midi-Pyrénées)
Front Runners (Nice – PACA)
Groupe Azur Intersports (Nice – PACA)
ASA bc (Cannes – PACA)
Association des Parents et Futurs Parents Gais et Lesbiens PACA Est (Nice – PACA)
Bruno Wiel, première victime vivante d’homophobie française à avoir gagné son procès avec circonstance aggravante d’homophobie
Avec le soutien de la Fédération LGBT