Tour de chauffe mardi pour l’entame des débats sur le mariage « homo ». Le combat entre « nature » à droite et « culture » à gauche est avancé
Le top départ du débat parlementaire très attendu sur le mariage homosexuel a été donné hier après-midi par la garde des Sceaux, Christine Taubira. Les députés ont prévu de siéger jour et nuit, week-end compris, jusqu’au 10 février,
(plus de 5 000). L’ensemble du texte devrait être voté le 12 février avant d’être examiné par le Sénat.
Le Roux menace
« Nous voilà partis pour 230 heures de discussions, évalue ce mardi matin Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée. Certains des amendements de l’opposition sont atterrants, comme la proposition d’ouverture du mariage aux polygames. J’espère qu’on ne tombera pas dans le caniveau. Quant à notre groupe, j’en attends beaucoup de discipline, sans exclure des représailles pour ceux qui ne voteraient pas le texte », prévient-il. Une menace qui vise trois ou quatre députés, dont Jérôme Lambert, en Charente.
En tout début d’après-midi, dans l’hémicycle, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, cadre le débat qui va suivre à l’occasion des questions au gouvernement. Prenant le « pari que dans quelques années, la droite verra le mariage gay comme une avancée ».
En déclarant par ailleurs son intention de relancer le droit de vote des étrangers pour les élections locales, le Premier ministre semble vouloir jouer avec les nerfs de l’opposition en ce premier jour du « mariage ».
Le « casting » de l’UMP
« C’est vraiment du foutage de gueule d’annoncer ça aujourd’hui », fulmine dans la salle des Quatre-Colonnes le député UMP de la Manche Philippe Gosselin. « Si on avait voulu faire de l’obstruction, ce ne sont pas 5 000 mais 40 000 amendements que nous aurions pu déposer », dit encore celui qui, avec Hervé Mariton, le député de la Drôme, va porter le fer pour l’UMP contre le mariage homo.
« Mariton et Gosselin, c’est un peu une erreur de casting, commente, off, un poids lourd de l’UMP dans les couloirs. On aurait dû mettre en avant une jeune femme. Il manque une direction des ressources humaines à l’UMP. Au PS, en revanche, en choisissant comme rapporteur le profil catho de gauche d’Erwann Binet, père de cinq enfants, ils ne s’y sont pas trompés », grommelle-t-il encore. « De toute façon, pour le mariage, c’est cuit. On n’a que des coups à prendre. En revanche, sur la famille, l’Église a bien joué », dit-il encore en rejoignant son banc.
Christiane Taubira n’est pas une grande oratrice. Mais ce texte la porte. « C’est un acte d’égalité. Il ne s’agit pas d’un mariage au rabais, il ne s’agit pas d’une ruse, pas d’une entourloupe, il s’agit d’un mariage, avec toute sa charge symbolique », lance-t-elle en regardant la droite les yeux dans les yeux. On la sent heureuse de lui faire en quelque sorte la nique. De la traiter entre les lignes de ringarde, passéiste, has been…
Erwann Binet cash
Sa collègue chargée de la Famille, Dominique Bertinotti, embraye. Sur le même ton. Contrainte d’en rajouter un peu pour exister : « Il n’y a plus de modèle familial unique. Chacun choisit le sien », dit-elle goulûment à l’adresse de la droite. Qui enrage déjà sur ses bancs.
Mais c’est Erwann Binet qui se fait un nom, hier. Posant clairement la question de l’homoparentalité, regrettant l’abandon en route de la PMA et déniant aux édiles le droit de pouvoir faire jouer leur « liberté de conscience » pour ne pas unir des couples homos, ainsi que François Hollande s’y était hasardé devant les maires de France cet automne…
Erwann Binet va droit au but. Oui, cette loi est faite pour les homosexuels : « Pour eux, il y eut le temps du châtiment. Puis celui de la tolérance. Voilà venu celui, enfin, de l’égalité. » Dans les tribunes, une foule de journalistes de la communauté gay sont aux anges.
Henri Guaino, pour l’UMP, est le premier à jouer en contre. « Vous voulez vous affranchir des lois de la nature et faire de l’enfant un obscur objet de désir. Notre devoir est de vous en empêcher. » L’ex-plume de Nicolas Sarkozy a peaufiné son texte. Le décor est posé. La nature contre la culture.
Chacun, désormais, va devoir jouer sa partition. Avec au programme aujourd’hui, Jean-François Copé et François Fillon.
- Source SUD OUEST
Pour ou contre : le cote de la région
- DORDOGNE :
Germinal Peiro (PS) : pour.
Pascal Deguilhem (PS) : pour.
Colette Langlade (PS) : va voter pour.
Brigitte Allain (EELV) : pour.
- CHARENTE
Martine Pinville (PS) : va voter pour.
Marie-Line Reynaud (PS) : va voter pour.
Jérôme Lambert (PS) : va voter contre
- PYRÉNÉES-ATLANTIQUES
Colette Capdevielle (PS), va voter pour.
Sylviane Alaux (PS), pour.
Martine Lignières-Cassou (PS), pour.
David Habib (PS), pour.
Jean Lassalle (Modem) ne se prononce pas
Nathalie Chabanne (PS) n’a pu être jointe hier.
- GIRONDE
Sandrine Doucet (PS) : pour.
Vincent Feltesse (PS) : pour.
Noël Mamère (EELV) : pour. Conchita Lacuey (PS) : pour.
Pascal Got (PS) : pour.
Marie Récalde (PS) : pour.
Alain Rousset (PS) : pour.
Yves Foulon (UMP) : contre.
Gilles Savary (PS) : pour.
Florent Boudié (PS) : pour.
Philippe Plisson (PS) : pour.
Martine Faure (PS) : pour.
- CHARENTE-MARITIME
Olivier Falorni (ex-PS, siège dans le groupe PRG) : pour.
Suzanne Tallard (PS) : pour.
Catherine Quéré (PS) : pour.
Dominique Bussereau (UMP) : pas favorable.
Didier Quentin (UMP) : très « contre ».
- LANDES
Jean-Pierre Dufour (PS) : pour.
Florence Delaunay (PS) : pour.
Henri Emmanuelli (PS) : pour.
- LOT-ET-GARONNE
Lucette Lousteau (PS) : pour.
Matthias Fekl (PS) : pour.
Jean-Claude Gouget (PRG) : pour.
- GERS
Philippe Martin (PS) : pour.
Gisèle Biémouret (PS) : pour