Tandis que le Conseil de l’Europe publie un rapport s’inquiétant d’une montée des discours de haine dans l’Italie dirigée par Giorgia Meloni, cette dernière a reçu les félicitations téléphoniques du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, pour sa politique anti-LGBT. Pendant ce temps, en France, Marine Le Pen s’affiche fièrement avec le héros du lobby réac européen, le Premier ministre hongrois LGBTphobe, Viktor Orbán.
Le lobby réac international se porte à merveille, merci pour lui… Ce mardi 22 octobre, la présidence du Conseil des ministres italien a fait état d’un entretien téléphonique entre Giorgia Meloni et le président de la Turquie. Si Rome ne rapporte que des discussions sur la situation internationale (Moyen-Orient, Ukraine, réfugiés syriens) et les échanges commerciaux entre les deux pays, la présidence turque se montre plus diserte sur un autre sujet abordé : “Le Président Erdoğan a remercié la Première ministre Meloni pour sa position qui soutient la notion de famille et défend les valeurs familiales face aux défenseurs des LGBT.”
Une déclaration d’amour qui tombe au moment où la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), émanation du Conseil de l’Europe qui siège à Strasbourg, publie un rapport inquiétant sur la situation des droits humains en Italie, issu de cinq ans d’analyse. L’organe chargé de faire respecter les valeurs de la démocratie et des droits humains sur le continent s’y alarme d’une xénophobie “de plus en plus présente dans le discours public” et d’un discours politique avec “des connotations extrêmement clivantes et hostiles” envers les réfugiés, les citoyens italiens issus de l’immigration ou encore les personnes LGBTQI+. “Le discours de haine, y compris de la part de hauts responsables politiques, n’est que rarement contesté”, déplore l’organe d’experts sur le traitement des questions relatives aux discriminations.
Meloni et le “lobby LGBT”
Classée 34ᵉ sur les 49 pays évalués en Europe par l’ONG ILGA-Europe, l’Italie n’interdit “toujours pas explicitement” la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, rappelle le document, soulignant que les personnes LGBTQI+ “continuent de subir des préjugés et de la discrimination dans leur vie quotidienne”. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Giorgia Meloni, qui se définit comme une “mère chrétienne” attachée aux valeurs traditionnelles, s’en prend ouvertement à ce qu’elle appelle le “lobby LGBT”, visant notamment les familles homoparentales.
Concernant la politique migratoire, autre cheval de bataille de la cheffe de gouvernement italienne, les experts de la Commission pointent un “profilage racial” pratiqué par la police du pays aux dépens des “Roms et personnes d’ascendance africaine”. Résultat, ils notent que de nombreux migrants en situation irrégulière, “exposés à des risques élevés d’exploitation par le travail (…), ne signalent que très rarement ce type d’abus par crainte d’être expulsés”. En outre, relèvent-ils, les expulsions forcées de Roms, “contraires aux normes internationales, n’ont pas cessé”.
À partir de ces observations, l’ECRI formule une série de recommandations, dont la création d’un organisme de promotion de l’égalité “pleinement indépendant” ainsi que l’adoption d’un “plan d’action national de lutte contre le racisme”. L’instance propose également de veiller à ce que les programmes scolaires insistent “sur l’égalité, la diversité et l’inclusion”. Pour toute réaction, Giorgia Meloni a tweeté son soutien aux policiers tandis que son vice-Premier ministre, Matteo Salvini, a dénoncé une attaque “honteuse” de la part d’un organisme “inutile”, ajoutant : “Si ces messieurs aiment tant les Roms et les clandestins, qu’ils les emmènent tous chez eux à Strasbourg.”
Marine Le Pen & Viktor Orbán
À Paris, ce mercredi 23 octobre, c’est un autre camarade de Giorgia Meloni, Viktor Orbán, qui est venu rendre ses hommages à Marine Le Pen. Alors que son pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, le Premier ministre de Hongrie est venu rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée, non sans un passage par l’Assemblée où il a rencontré la présidente du groupe Rassemblement national (RN).
Marine Le Pen s’est dite “très honorée de recevoir” la figure de proue du lobby réac en Europe, dont elle reprend régulièrement la rhétorique. Il l’avait d’ailleurs soutenue en 2022, lors de sa campagne présidentielle, au nom de leur combat commun : “Nous voulons protéger les familles et nous ne voulons pas laisser entrer les militants LGBTQ dans nos écoles”, déclarait-il dans une vidéo de soutien enregistrée pour un meeting de la candidate du RN. Entre Le Pen, Orbán, Meloni, Erdogan et Trump, il y a décidément de l’écho.
- SOURCE TETU