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 d’ADHEOS

«L’université est pour les étudiants et non pour les homosexuels».
 
C’est à la Faculté des Lettres d’El Jadida, au sud de Casablanca, que l’on pouvait entendre ce genre de propos homophobes, rapporte Yabiladi.
 
Alors que l’université organisait, le 17 mai, une journée d’étude des textes de l’auteur Abdallah Taïa, de jeunes islamistes ont envahi les couloirs et ont manifesté devant le bureau de la présidente. 
 
«Comment peut-il prêcher la liberté, la noblesse et la droiture alors qu’il est lui-même sujet à une déviance sexuelle des plus basses et des plus ignobles?» criaient-ils.
 
Abdallah Taïa, âgé de 38 ans, avait révélé publiquement en 2009 son homosexualité dans une lettre ouverte intitulée «l’homosexualité expliquée à ma mère», publiée dans le magazine francophone Tel Quel.
 
Depuis, l’écrivain est trés connu au Maroc mais certainement pas reconnu pour ses talents littéraires. Ce n’est pas la première fois qu’il est la cible d’attaques homophobes et il milite activement pour les droits des homosexuels et pour la défense de la liberté individuelle.
 
En France, il a reçu en 2010 le prix littéraire de Flore pour son roman «Le jour du roi».
 
Ce qui est le plus choquant dans ce qui s’est passé à El Jadida c’est l’absence de couverture médiatique des évènements. Yabiladi en a eu connaissance grâce à une étudiante présente sur place le jour des faits et qui a voulu témoigner. 
 
«Je vous écris à propos de la manifestation qui s’est déroulée au sein de la faculté contre l’écrivain Abdallah Taïa et cela après que le laboratoire de recherche au département de langue et littérature française ait décidé d’organiser une journée d’étude autour des textes dudit écrivain… Il me semble injuste envers lui que personne n’en ait parlé et que l’affaire se soit terminée de cette manière», a-t-elle écrit à Yabiladi.
 
Au Maroc, l’homosexualité est un délit punit jusqu’à trois ans d’emprisonnement et d’une amende d’après l’article 489 du code pénal qui stipule que «les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe».
 
On pouvait déjà entendre de tels slogans homophobes en 2010 au Maroc, scandés par les conservateurs du Royaume.
 
L’incident d’El Jadida souligne, une nouvelle fois, que la société marocaine n’a pas encore réussi à avancer sur ces questions.