Les indignés, les moines et le maire. Dans le village de Fontgombault (Indre), la Loi Taubira mettra-t-elle un terme aux 37 ans de mandat de Jacques Tissier? À l’approche des élections municipales, l’élu se retrouve opposé à un collectif d’"Indigné". Ces derniers se soulèvent essentiellement contre une délibération du conseil municipal, le 24 octobre dernier, qui invoque notamment "une loi naturelle, supérieure aux lois humaines" pour ne pas marier les personnes de même sexe.
Cette opposition du maire à la loi avait conduit le préfet de l’Indre à rappeler l’irrégularité de la démarche, puis à déposer une requête en annulation au tribunal administratif de Limoges le 19 décembre dernier. Les "Indignés", eux, ont déposé deux plaintes pour discrimination auprès du tribunal de Châteauroux.
La commune, située dans le parc naturel de la Brenne, abrite un électorat plutôt conservateur. Aux élections présidentielles de 2012Nicolas Sarkozy arrivait en tête du premier tour (40,4%) ; en 2007, les votes s’étaient majoritairement portés vers Philippe de Villiers (31,02%) et en 2002 vers Christine Boutin (29,9%). De tels résultats s’expliquent en partie par la présence de Fontgombaldiens singuliers : 60 moines résident dans l’abbaye touristique de Notre-Dame, soit près du tiers des votants. Sans être anti-cléricale, l’opposition peste contre cet électorat monastique, jusqu’à imaginer des manœuvres : dix moines voteraient toujours à Fontgombault alors qu’ils sont partis dans le Nord-Pas-de-Calais.
Les "Indignés" se sont lancés dans une âpre lutte : Jacques Tissier a toujours été élu au premier tour depuis 1977, et le temps que leurs démarches judiciaires soient examinées, l’élection municipale aura eu lieu. Un calendrier qui ne bouleverse donc pas les moines : "Nous faisons bien la distinction entre le temporel et le spirituel", indiquait vendredi 24 janvier à l’AFP le père Bernard Trémolet de Villers, lui-même par ailleurs conseiller municipal.