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 d’ADHEOS

Prix du Jury au dernier festival de Cannes, le cinquième film de Xavier Dolan révèle toute la maîtrise de ce cinéaste surdoué.  
 
Oubliée la controverse sur les prix LGBT, place au cinéma. Yagg présentait hier devant une salle comble du Gaumont Opéra Mommy, le cinquième long métrage de Xavier Dolan, wonderboy du cinéma québecquois.
 
Le film raconte l’histoire de Diane, la quarantaine, une mère courage et de son fils, Steve, atteint de TDAH (pour Troubles de l’attention hyper activité): il est violent, incontrôlable, toujours en mouvement.
 
«Les sceptiques seront confondus», lance Diane à une travailleuse sociale qui doute que Steve puisse être sauvé, lors d’une scène mémorable au début du film. Mommy prend alors son rythme, celui d’un torrent tumultueux et imprévisible, avec de brutales ruptures de ton comme autant d’uppercuts émotionnels.
 
MAGISTRALE ANNE DORVAL
La mère, personnage incontournable dans les films de Dolan est généreuse, paumée, grandiloquente, elle est à la fois horripilante et indispensable. Dans son combat pour aider son fils, la mère ira parfois très (trop) loin. Pendant plus de deux heures, nous restons scotchés grâce à l’interprétation magistrale d’Anne Dorval, de Antoine-Olivier Pilon et de Suzanne Clément. Cette dernière joue le rôle de l’étrange voisine. Deux actrices et un acteur déjà familiers du cinéma de Xavier Dolan. Une grande partie de la réussite du film tient à la direction d’acteurs et leurs performances sont mémorables. Pour le rôle d’Anne Dorval, on pense à Gloria, le film de Cassavetes avec Gena Rowlands. Une femme prête à tout pour sauver un enfant recherché par la mafia. Et comme dans les précédents films de Dolan, le père est absent et les hommes hétéros ne sont pas très ragoutants.
 
Il y a un style Dolan et Mommy représente un condensé de ses choix visuels et de mise en scène. Chaque scène est traitée comme une leçon de cinéma, ce qui peut parfois être un peu irritant. Mais après cinq films, Dolan est arrivé à une maturité et une maîtrise rare et il aurait tort de s’en priver. La musique, et notamment les chansons populaires (Céline Dion dans une scène mémorable) tient quant à elle une place à part dans Mommy. Dolan dit dans Première: «C’est à travers la musique que j’ai visualisé tous mes rêves, toute ma vie.»
 
Mommy est-il le film qui fera connaître Dolan au grand public, comme semble vouloir le croire une bonne partie de la critique, hyper enthousiaste? Ce portrait d’une famille décomposée, mais bien décidée à affronter la vie, est en tout cas tout à fait en phase avec son époque et ses bouleversements. C’est maintenant au box-office de nous le dire. Xavier Dolan, lui, est sans doute déjà parti sur un autre projet.