En décembre dernier, l’abrogation de la loi du «Don’t ask, don’t tell» -qui interdisait aux soldats d’être «out» dans l’armée- était votée. Mais son entrée en vigueur se faisait attendre… Elle est enfin programmée au 20 septembre.
La fin du «Don’t ask don’t tell» a désormais une date. A partir du 20 septembre, les soldats gays et lesbiennes pourront arrêter de cacher leur orientation sexuelle. Vendredi, le président Barack Obama a certifié que l’armée américaine était prête à accueillir des homos dans ses rangs, permettant dans 60 jours l’abrogation définitive du tabou homo après 18 ans d’une loi controversée qui a conduit au renvoi de l’armée de quelque 14.000 soldats selon les associations.
Avec le secrétaire à la Défense Leon Panetta et le plus haut gradé américain, l’amiral Mike Mullen, le président a certifié au Congrès que la préparation des forces armées en vue d’accueillir des gays ou des lesbiennes dans ses rangs était achevée et que le tabou pouvait être levé.
Une loi «qui viole les principes américains de justice»
«Aujourd’hui, nous avons franchi la dernière étape essentielle vers la fin de la loi "Don’t ask, Don’t tell" (ne rien demander, ne rien dire, ndlr) qui (…) viole les principes américains de justice et d’égalité», a annoncé Barack Obama dans un communiqué. Concrètement, cette étape signifie que cette loi controversée de 1993, qui obligeait les militaires gays et lesbiennes à dissimuler leur homosexualité sous peine de renvoi, sera abrogée dans 60 jours, soit le 20 septembre.
Depuis que le Sénat a voté l’abrogation du tabou homo le 18 décembre, le Pentagone a élaboré de nouveaux manuels et préparé l’ensemble des forces armées, soit 2,3 millions de militaires d’active et de réserve, à cette nouvelle politique. Les homosexuels chassés de l’armée pourront désormais réintégrer l’armée. Tous les militaires devront continuer à se montrer digne de l’uniforme à toute heure et en tous lieux, selon le Pentagone.
Les conjoints de soldats homos ne pourront vivre sur les bases militaires ou bénéficier de la couverture maladie pour les familles de militaires.
Des évaluations sur l’impact de l’abrogation
Certains élus, essentiellement républicains, et certains hauts gradés de l’armée comme le patron des Marines, le général James Amos, craignaient que cela nuise à l’efficacité des soldats au combat. Pour certains, ces craintes n’ont pas totalement disparues. Le président de la commission de la Défense de la Chambre des représentants, le républicain Buck McKeon, a ainsi jugé utile de demander à l’administration dans un communiqué de «remettre immédiatement au Congrès les évaluations effectuées par les différents services sur l’impact de l’abrogation sur les troupes» afin de s’assurer qu’elles ne sont pas désorganisées par la mesure.
Attaquée sur le front judiciaire pour son caractère discriminatoire, la nouvelle loi n’a été votée en décembre qu’après la publication un mois plus tôt d’une étude montrant que 70% des 115.000 militaires et 44.000 conjoints de militaires interrogés étaient favorables à l’abrogation du tabou homo. Chez les Marines, corps d’élite de l’armée américaine, et dans certaines unités de combat de l’armée de terre, 40 à 60% des sondés voyaient en revanche d’un mauvais oeil la fin du «Don’t ask don’t tell».
Pas de couples homos dans les bases militaires
Cependant, les conjoints de soldats homos ne pourront vivre sur les bases militaires ou bénéficier de la couverture maladie pour les familles de militaires. C’est là que le bât blesse, estiment des associations de défense des droits des LGBT. Si le mariage homo est reconnu dans six des 50 Etats (Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, New York) et dans la capitale Washington, l’Etat fédéral ne le reconnaît pas en vertu de la loi dite «Défense du mariage».
Cette loi, promulguée par le président Bill Clinton, stipule que l’Etat fédéral ne reconnaît le mariage que comme «une union légale entre un homme et une femme», privant les conjoints de couples homos des droits et avantages dévolus aux conjoints hétéros. Le porte-parole de Barack Obama a toutefois annoncé mardi que le président soutenait l’initiative d’une sénatrice démocrate de Californie pour abroger cette loi.