Le magistrat, qui juge une affaire opposant des militants LGBT au gouvernement, espère ainsi déterminer s’ils «recrutent» réellement des enfants.
«Infiltrer» le milieu. Le juge ougandais Eldad Mwangusya a proposé cette option aux services de sécurité d’Ouganda pour savoir si des homosexuels «recrutent» réellement des enfants, rapporte le site d’information LGBT sud-africain Behind the Mask. Le magistrat de la Haute cour de Kampala (photo), la capitale, s’exprimait le 25 juin lors d’une audience du procès intenté par quatre homosexuels – trois gays et une lesbienne – qui attaquent le gouvernement et le ministre de l’Ethique et de l’Intégrité Simon Lokodo.
Une mesure homophobe
Le groupe accuse le ministre d’avoir fermé un atelier de militants LGBT organisé en février (lire article), violant leur droit de réunion garanti par la constitution. Autre grief: le jour de manifestation, les autres rencontres n’ont pas été interdites. Les activistes estiment donc que la mesure était clairement homophobe – une discrimination anticonstitutionnelle, selon eux (lire article). Simon Loko assume, et reproche aux organisateurs de «recruter» des enfants pour qu’ils deviennent gays ou lesbiennes – des allégations déjà lancées, entre autres, dans des médias.
«Il est venu et a fermé l’atelier en disant que les homosexuels élaboraient des stratégies pour recruter, rappelle à TÊTU un militant gay sous couvert d’anonymat. Il a affirmé que les homosexuels étaient des hors-la-loi dans le pays et qu’en conséquence ils n’avaient pas le droit d’organiser des rencontres.»
Des homosexuels hors-la-loi
Pour trancher, le juge Mwangusya a suggéré qu’au lieu de fermer les rencontres regroupant des militants LGBT, il valait mieux les «infiltrer» pour avoir le cœur net de ce qui s’y disait. D’autant que, a-t-il rappelé, un jugement de la Haute cour rendu l’an dernier a conclu que les homosexuels avaient bel et bien le droit – comme les autres citoyens – de se réunir. La prochaine audience de cette affaire est prévue le 6 juillet.
L’Ouganda est un pays d’Afrique de l’est où les homosexuels risquent la prison à vie. Le projet de loi anti-gay – qui prévoit des peines plus sévères pour les faits d’«homosexualité aggravée», et qui n’avait pas été étudié lors de la précédente législature – a été réintroduit devant le nouveau parlement le 7 février.
- Source TETU