À Varsovie, la capitale de la Pologne, des militants LGBTQI+ ont inauguré ce vendredi 6 décembre le Queer museum afin de préserver l’histoire queer du pays.
“On n’a plus peur !” lance avec soulagement Krzysztof Kliszczynski, le président de l’association polonaise LGBTQI+ Lambda. Ce vendredi 6 décembre, un musée dédié à la mémoire LGBTQI+ de Pologne, le Queer Museum, a été inauguré à Varsovie, la capitale. Les militants y voient un beau symbole : il y a un an, le parti homophobe Droit et justice (PiS) au pouvoir depuis 2015 était défait par une coalition centriste lors des élections législatives.
Dans des locaux minimalistes d’une avenue très animée de Varsovie, le musée veut faire vivre les luttes des personnes LGBTQI+ depuis le XVIe siècle, à travers quelque 150 objets, des lettres, des photos, des témoignages… C’est une première “dans l’ensemble de l’Europe postcommuniste”, s’enorgueillit Krzysztof Kliszczynski, par ailleurs directeur du musée.
Vendredi, une centaine de militants se sont rassemblés avec émotion : les premiers mouvements LGBTQI+ du pays étaient la plupart du temps clandestins, par crainte de la répression. Ainsi Andrzej Selerowicz, traducteur de 76 ans, avait lancé en 1983 une lettre d’information pour les Polonais homosexuels. Devant le musée, il montre une photo de son conjoint et lui blottis l’un contre l’autre, prise il y a 45 ans. Un militant des années 1980, Ryszard Kisiel, a “fait don de quelques souvenirs”, parmi lesquels un dépliant de santé sexuelle qu’il a réalisé quatre décennies plus tôt.
Faire vivre la mémoire
Ce musée montre aussi la difficulté d’établir notre histoire. “Une grande partie de l’histoire des homosexuels est intime… et très souvent détruite de manière délibérée après la mort des personnes concernées”, témoigne Piotr Laskowski, historien à l’université de Varsovie. Ainsi peut-on découvrir dans le musée la copie artisanale d’un magazine de 1956, jusqu’à présent inconnue des militants et des chercheurs. “C’est la raison d’être de ce musée : pour que la mémoire ne soit plus jamais jetée, cette mémoire de nous-mêmes qui a souvent fini dans les poubelles”, pointe Krzysztof Kliszczynski. Le premier musée LGBTQI+ d’Europe, le Schwules Museum, a ouvert en 1985, à Berlin. En mai, le Conseil de Paris a voté la création d’un tel musée dans la capitale française.
Surtout, il s’agit de sensibiliser le public aux combats des personnes LGBTQI+. Lorsqu’il était au pouvoir, le PiS avait multiplié les déclarations LGBTphobes, favorisant l’apparition de “zones anti-LGBT” dans le pays en 2019 – elles ont depuis presque toutes disparues. Les militants veulent désormais se projeter vers l’avenir alors que tant de droits restent à conquérir, depuis la délictualisation de l’homophobie jusqu’à la reconnaissance légale des couples homosexuels. Opposé au mariage pour tous, le Premier ministre, Donald Tusk, s’est dit favorable à la création d’un partenariat civil. Mais un an après son arrivée au pouvoir, cela reste un horizon lointain.
Source : tetu.com