Beaucoup de symboles et d’émotions, ce samedi midi à l’hôtel de ville d’Anzin. Comme pour chaque mariage, les yeux ont rougi quand ils se sont dit «oui», Julien… et Michaël. Premier couple gay à se marier à Anzin. Émotion partagée par le maire Pierre-Michel Bernard (DVG), défenseur de la première heure du mariage pour tous, qui a trouvé, là aussi, l’occasion de signer la paix des braves avec un ancien opposant politique Michaël Lanoy, le militant FN qui a osé claquer la porte du parti, peu de temps après avoir fait son «coming-out».
Stressé, Michaël Lanoy. Comme n’importe quel jeune marié, « je n’ai pas beaucoup dormi », confie-t-il à un proche, juste avant de monter les marches du perron de la mairie. Et les cœurs de battre fort, quand Michaël et Julien sont entrés dans la salle des mariages, aux bras de leur mère, sur une chanson d’Emmanuel Moire, Beau Malheur. Un titre, qui résume sans doute assez bien pour eux le chemin ardu qu’ils ont dû parcourir avant d’en arriver là… Comme tant d’autres couples homos qui ont accueilli la loi du 18 mai comme une délivrance. Arriver là devant monsieur le maire. « Il y a eu des moments difficiles… Profitez bien aujourd’hui de cette journée », leur a lancé, complice, Pierre-Michel Bernard à l’issue de la cérémonie.
Un élu qu’on a senti ému, lui aussi, en découvrant le cadeau que lui avaient réservé les jeunes époux : une plaque souvenir à leur effigie, pour rendre hommage à « un maire humaniste et progressiste », « un des uniques élus du Valenciennois à avoir été aussi clair » dans le débat sur le mariage homosexuel, a déclaré Michaël Lanoy, qui l’a encore remercié de les avoir soutenus, en première ligne, dans « ce combat pour l’égalité ». La salve d’applaudissements qui a suivi pour le maire, fut encore plus nourrie qu’après le « oui » des mariés !
Dire que les deux hommes ne s’entendaient guère sur la place publique, il y a encore quelques mois… Mais depuis, le trublion Michaël Lanoy a fait une croix sur son engagement politique : il a quitté le FN, après y avoir senti trop homophobie. Et s’investit depuis au sein d’une association Val Diversité, qu’il a créée pour « faire avancer les choses ».
Pierre-Michel Bernard devra s’habituer à vivre ces émotions : il remet ça en septembre, pour le second mariage gay d’Anzin.
- SOURCE LA VOIX DU NORD