Le Parquet cantonal estime que la condamnation du pamphlétaire franco-suisse est trop légère. Il requiert trois mois de prison pour des propos jugés homophobes.
À l’issue de son procès à Lausanne, fin 2022, Alain Soral déclarait accepter sa condamnation pour diffamation à des jours-amendes. Selon lui, ce jugement légitimait son combat idéologique contre le «wokisme» et mettait un terme à cette affaire. C’était sans compter l’avis du nouveau procureur général Eric Kaltenrieder qui a annoncé mardi matin avoir fait appel. La balle est dans le camp du Tribunal cantonal qui doit rouvrir le dossier.
Le Ministère public pense que la peine du Tribunal de police contre le pamphlétaire d’extrême droite est trop légère. Dans son communiqué, le premier magistrat maintient l’appréciation que son prédécesseur Eric Cottier avait développée en première instance. «Les propos de M. Soral sont homophobes et tombent sous le coup de la loi qui protège la dignité humaine et l’égalité entre les êtres humains», affirme le successeur. Il demande une peine de trois mois de prison qui s’ajoute aux 30 jours-amendes
Surréaction?
Les paroles en question avaient été prononcées en 2021 contre une journaliste de «24 heures» et de la «Tribune de Genève». Alain Soral réagissait à un article selon lui «mensonger» et réduisait son auteure à son orientation sexuelle. Le discours avait été filmé et diffusé publiquement sur le site internet de l’organisation qu’il préside. La vidéo n’avait été retirée qu’après le procès.
La journaliste avait déposé une plainte pénale. Elle estime toujours que la réaction d’Alain Soral tombe sous le coup de l’article 261 bis du Code pénal. Cette norme antiraciste pénalise aussi, depuis juillet 2020, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle. En faisant appel, le premier magistrat du canton souligne la jeunesse de cette disposition et suggère qu’il est «primordial que le Tribunal cantonal tranche cette question et établisse une jurisprudence».
Condamné vingt fois
Ce recours permettra de clarifier le jugement de la présidente de la première instance, Malika Turki: la frontière entre la diffamation et l’homophobie est ténue. En substance, la juge est d’avis que l’intéressé a réagi sous le coup de l’émotion: sa critique s’inscrit dans le cadre d’un débat d’idées et n’incite pas à la haine. Rappelons que la vidéo – accompagnée de la photo de la journaliste exhibée comme une cible – a été largement vue et commentée.
Le Franco-Suisse Alain Soral, 64 ans, a déjà été condamné plus de vingt fois en France, notamment pour provocation à la haine. En 2019, il avait quitté Paris et s’était installé à Lausanne pour écrire des livres. Condamné à trois mois de prison par ordonnance pénale en avril 2022, il avait fait appel et vu sa peine réduite.
SOURCE : 24heures.ch