NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Un rassemblement de défense des droits des personnes LGBTQIA+ a réuni plusieurs dizaines de personnes samedi 13 juillet après-midi à Amiens après la découverte mercredi de tag néonazis sur un passage piéton aux couleurs du drapeau LGBTQIA+.

À l’appel de l’association Flash Our True Colors, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées samedi 13 juillet 2024, à 16h, place René Goblet, à Amiens. Un peu plus tôt dans la journée, Timothée Kunde, bénévole depuis 2018 dans cette association amiénoise de défense des droits LGBTQIA+, invitait “toutes les personnes qui s’indignent face aux discriminations” à venir au rassemblement, “pour ne pas se cacher et dire que ces actes sont inacceptables“.

Angélique, lesbienne, y était avec sa fille. “On est aujourd’hui dans un pays normalement libre et en fait, on ne peut pas vivre comme on veut“, s’indigne-t-elle. “Il faut représenter la communauté LGBT partout. À la suite des élections, il y a eu beaucoup d’agressions. C’est important de lutter“, souligne Juliette, pour qui il était important d’être présente à ce rassemblement samedi.

Des tags néonazis

Dans la nuit du 9 au 10 juillet, c’est sur cette place que le passage piéton arc-en-ciel aux couleurs du drapeau LGBTQIA+ a été recouvert de deux tags représentant des croix celtiques, des symboles néonazis. Il avait été peint douze jours plus tôt seulement par la Ville à l’occasion de la marche des Fiertés.

Les tags ont été effacés “aussitôt les constatations nécessaires à un dépôt de plainte effectuées“, indique la mairie d’Amiens. Flash Our True Colors souhaite se porter partie civile. “Ça nous semble important de marquer le coup et de montrer qu’à aucun moment, on ne peut tolérer ce genre d’incident“, appuie Timothée Kunde.

Lors du rassemblement, les manifestants ont dessiné un nouveau drapeau et écrit le mot “pride” (fierté) en lettres capitales sur le sol.

Des actes homophobes “décomplexés” depuis les législatives

C’est un acte d’intimidation. […] Il est important de faire bloc contre cet acte discriminant et de permettre aux personnes de s’exprimer dans un espace sécurisé, sur la place publique“, souligne Timothée Kunde, qui accompagne, au sein de l’association, des personnes victimes de discrimination et de violences LGBTphobes. 

En France, les actes anti LGBTQIA+ ont connu une hausse de 13% en 2023, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Si l’association amiénoise ne dispose pas de chiffres sur ces violences à Amiens, ni de leur évolution, Timothée Kunde a remarqué une “dimension très décomplexée” des insultes homophobes depuis le premier tour des législatives et la progression de l’extrême droite dans les urnes. “Les paroles discriminantes se font plus ouvertement en ce moment en raison du climat politique“, appuie-t-il. 

Il rapporte avoir été personnellement insulté deux fois sur un trajet de dix minutes alors qu’il se rendait à la marche des Fiertés à Amiens le 29 juin dernier. Une expérience similaire vécue par plusieurs membres de l’association depuis quelques semaines, selon lui.

C’est pour ça que c’est important au nom de notre association, et de la Ville, de réagir. Car ces actes ne sont pas acceptables, ce sont des délits, qui vont à l’encontre de nos valeurs et des valeurs démocratiques de notre pays.

Timothée Kunde, bénévole de l’association amiénoise Flash Our True Colors

L’association demande l’ouverture d’un lieu de ressources

Flash Our True Colors accompagne chaque année environ 120 personnes dans des parcours divers, marqués par la discrimination. L’association, composée uniquement de bénévoles, reçoit une subvention annuelle de la Ville de 3 600 euros. Une somme insuffisante pour lui permettre de mener le combat, selon Timothée Kunde. 

L’association, qui ne dispose pas de locaux, aimerait notamment pouvoir ouvrir “un lieu de ressources et d’accueil” pour les personnes LGBTQIA+. “On offre un service à un public de tous les Hauts-de-France et ça demande des ressources et des lieux où les gens puissent se rencontrer. J’ai eu des discussions avec des victimes dans des bars, faute d’espace. Quel degré de confidentialité y a-t-il là-dedans ?“, interroge le bénévole.

Je ne suis pas sûr que la ville d’Amiens comprenne les enjeux des discriminations LGBT, aussi bien au niveau social qu’au niveau de la santé.

Timothée Kunde, bénévole de l’association amiénoise Flash Our True Colors
Outre l’accompagnement des victimes, Flash Our True Colors fait aussi de la sensibilisation dans les milieux scolaires, organise des événements de convivialité pour lutter contre l’isolement social et organise la marche des Fiertés d’Amiens. “La raison pour laquelle notre association continue à exister, c’est grâce au travail et à la générosité des bénévoles et de nos partenaires, pas grâce à la Ville“, pointe Timothée Kunde.